«Apporter ses secours spirituels aux Français internés ou prisonniers de guerre, de religion catholique». Telle est la mission qu’assigne le conseiller fédéral Arthur Hoffman à l’abbé Eugène Dévaud. En quatre ans, ce prêtre fribourgeois effectuera pas moins de 360 visites de camps de prisonniers français en Allemagne, avant que son successeur, le chanoine Louis Waeber, n’en fasse encore une soixantaine d’autres.
L’abbé utilise la valise diplomatique du ministre suisse en poste à Berlin, Alfred de Claparède, pour faire parvenir sa correspondance et ses rapports à Fribourg via Berne. Nous avons retrouvé aux Archives de l’Etat de Fribourg trois rapports et une trentaine de petits carnets de notes manuscrites.
L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Bovet, entend consolider cette mission fédérale. Il fonde la «Mission catholique suisse» qui fera œuvre de charité sans s’inquiéter de la religion des prisonniers. Plus de 500’000 volumes de «littérature pieuse et édifiante» sont ainsi acheminés vers les centres de détention en Allemagne.
A la suite d’une avalanche de lettres de familles françaises et belges parvenues à Fribourg, la Mission catholique se met également à la recherche des disparus. Marchant quelque peu sur les plates-bandes de la Croix-rouge, l’abbé Dévaud placarde les listes de disparus dans les camps qu’il visite.