1er août 1914: en France, tous les clochers du pays font entendre un sinistre tocsin à 4 heures de l’après-midi. C’est la mobilisation générale. Les hommes doivent partir au front. Le même jour, l’Allemagne, avec une longueur d’avance, déclare la guerre à la Russie. Puis à la France, et le Royaume-Uni au Reich. Le monde s’enfonce alors dans un conflit inconnu, une guerre totale. Une boucherie. C’est le début de la Première Guerre mondiale. Un bataille de quatre ans qui fera plus de 18 millions de morts.
En Suisse, ça mobilise aussi. Il n’y a d’ailleurs pas de temps à perdre pour le pays qui veut défendre son territoire et sa neutralité! Les miliciens de l’armée suisse doivent se munir de deux rations de vivres (pour eux) et ceux du train de trois rations d’avoine (pour les chevaux) et rejoindre la place de mobilisation indiquée sur leur livret de service.
Dans tout le pays, les exécutifs communaux sont priés de transmettre immédiatement ces ordres aux intéressés. Ils aviseront également les propriétaires (privés) de chevaux d’avoir à les tenir à disposition de l’autorité militaire. Ainsi, le lundi 3 août, partout en Suisse, les hommes sont déjà sur pied de guerre lorsque l’Assemblée fédérale accorde les pleins pouvoirs au Conseil fédéral et nomme Ulrich Wille –proche des milieux allemands– Général de l’armée.
A Fribourg, l’ordre de mobilisation porte principalement sur le régiment d’infanterie 7 (bataillons 14 à 17), les bataillons de carabiniers, escadrons de dragons. Les batteries d’artillerie se retrouveront à Payerne. Le parc d’estimation des chevaux est établi au bord de la route de la Glâne, face au parc des sports. La presse rapporte que l’arsenal de Fribourg envoie des wagons de subsistance (biscuits, viande en conserves, etc.) et de munitions dans diverses directions.
L’évêque du diocèse, Mgr Bovet, compte sur la bravoure des soldats, comme le rapporte La Liberté. «Vous ne faillirez pas à votre devoir», dit-il. Pour que «Dieu accorde à vos armes la victoire si vous devez combattre pour garder inviolable le sol de notre Chère Patrie, nous prierons pour vous.» Un dernier conseil lancé aux soldats: «Avant de marcher à nos frontières, recevez les sacrements qui purifient les consciences et fortifient les âmes». Et une ultime incantation: «Que Dieu protège la Suisse bien-aimée!»
Les bataillons d’élite défilent à plusieurs reprises dans les rues, d’un pas martial et sûr. Calmes et fiers, les troupiers passent entre les haies de spectateurs, parmi lesquels des femmes et des enfants agitent des mouchoirs ou pleurent en silence. A Fribourg, le serment au drapeau a lieu aux Grandes-Rames. On rappelle la devise fédérale: un pour tous, tous pour un. Le fanion de la cavalerie est présenté aux deux escadrons fribourgeois.