Sept.info | Qui profite des ressources naturelles de l’Afghanistan?…

Qui profite des ressources naturelles de l’Afghanistan? (2/2)

Alors que son secteur minier pourrait représenter une manne économique importante, l’Afghanistan reste paralysé face aux multiples menaces qui le guettent: insécurité, pillage des ressources par les chefs de guerre locaux, etc.

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Inauguration du tunnel rénové de Salang, situé entre les provinces de Parwan et Baghlan, le 15 juin 2011. © US Department of State / S.K. Vemmer

En avril 2015, l’Inspecteur général pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR), un organe gouvernemental américain, a rendu un rapport indiquant que l’administration Obama n’avait «pas de stratégie cohérente pour le développement des industries d’extraction afghanes». Depuis 2009, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et le Comité de réflexion du département de la Défense pour les opérations commerciales et de stabilité (TFBSO) ont fourni 448 millions de dollars (438 millions de francs) aux industries d’extraction du pays, soutenant des entreprises aussi diverses que le cabinet d’expertise-comptable PriceWaterhouseCoopers, les contractants privés d’Expertech Solutions, basés aux Etats-Unis, et Hickory Ground Solutions. Cet argent, expliquait le SIGAR, n’a pas servi à mettre en place une industrie minière viable et bien réglementée en Afghanistan. Le ministère des Mines et du Pétrole a manqué de «la compétence technique pour rechercher, distribuer et s’occuper de nouveaux contrats sans soutien extérieur», pendant que le gouvernement américain – dont l’USAID et le département de la Défense – a échoué dans sa mission d’aider à la création «d’industries d’extraction afghanes auto-suffisantes», ce qui «semble toujours être un objectif lointain».

Prenons par exemple un projet essentiel dans la stratégie du gouvernement américain: le pipeline Chéberghân-Mazar du nord de l’Afghanistan. A l’origine construit par l’Union soviétique, le pipeline est un exemple parmi d’autres du fait que la stratégie des Etats-Unis en matière de ressources – il s’agissait dans ce cas précis d’aider les ingénieurs afghans à réparer et entretenir un équipement vieillissant et détérioré – n’a mené nulle part. Le SIGAR a découvert en 2014 que la corrosion avait laissé le pipeline en mauvais état, et que les 33,7 millions de dollars (32,9 millions de francs) investis par le gouvernement américain entre 2011 et 2014 n’avaient pas servi à le remettre en fonction. Un responsable du SIGAR m’a confié que ce projet était maintenant considéré par l’USAID et le département d’Etat comme un «fardeau… notamment à cause de problèmes de sécurité et de viabilité.» Le responsable du SIGAR souligne que le «développement des ressources minérales est un effort sur le long terme et non une solution miracle aux problèmes budgétaires de l’Afghanistan… Malheureusement, l’aide des Etats-Unis dans ce domaine ne semble pas faire une grande différence, et le secteur ne montre aucun signe de réelle amélioration dans un avenir proche.» Il ajoute que le département de la Défense n’a pas donné suite à l’audit réalisé en avril et que l’USAID n’a «pour l’instant mis en place aucune de nos recommandations».

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