La rue pour faire les 400 coups. La rue parce que, glisse Alain Mabanckou en souriant, les parents «ne veulent pas que vous salissiez la maison ou la cour et vous mettent dehors». La rue où rencontrer les autres et où il y a toujours quelque chose à faire: «une voiture à pousser pour gagner quelques pièces». «En Afrique, un enfant qui n’est pas dans la rue s’ennuie», raconte l’écrivain, sa haute silhouette pliée dans un fauteuil, lunettes rondes sur la table, en jetant un œil sur la petite rue grisâtre du 6e arrondissement parisien où nous l’avons rencontré. L’occasion: la parution de son roman, Petit Piment.
C’est un monde où un trio de voyous des rues se voit surnommé «Les Trois Moustiquaires». Où une paire de jumeaux est forcément dotée de pouvoirs surnaturels et où on ne va pas «faire tout un plat de porc aux bananes plantain» pour une fessée administrée à un gosse récalcitrant. Ce monde de son enfance africaine, Alain Mabanckou ne cesse de le réexplorer au fil de ses livres, dans une langue riche, drôle, jubilatoire.