Dix-huit mois. C’est l’âge qu’avait ce bébé albinos retrouvé mutilé, en février 2015, dans une forêt du nord de la Tanzanie. Un crime atroce qui illustre une pratique cruelle et inhumaine en Afrique de l’Est: le commerce d’organes et de membres de personnes atteintes d’albinisme, une maladie génétique qui se caractérise par une absence de mélanine entraînant une dépigmentation de la peau et des problèmes oculaires. Ces «nègres blancs», comme on les surnomme, possèderaient des pouvoirs magiques en vertu de certaines superstitions locales persistantes. Utilisées dans des teintures ou des potions, les parties de leur corps sont censées apporter santé, richesse, pouvoir.
Selon différents rapports de l’Organisation des Nations unies – qui a adopté en juin 2013 une résolution sur les droits des personnes albinos –, un corps se monnaie entre 75’000 et 200’000 dollars (soit entre 74'500 et 198'800 francs), un bras, une jambe ou tout autre partie entre 600 et 1’000 dollars (soit entre 596 et 994 francs). Au Zimbabwe, une légende veut même que faire l’amour avec une femme albinos permette de guérir du sida. Victimes de ces stupides rituels de sorcellerie, les personnes à peau de lune sont chassées, torturées, sacrifiées, voire même enterrées vivantes avec les chefs de tribu afin de ne pas les laisser seuls dans la tombe.