Sept.info | J'ai été opéré par Alex Orbito, le chirurgien à mains nues

J'ai été opéré par Alex Orbito, le chirurgien à mains nues

Chaque année, le plus célèbre guérisseur philippin Alex Orbito prodigue ses soins pendant quelques jours à Genève. Récit d’une expérience troublante.

Alex Orbito Alex Orbito
© Claudio Fedrigo

Je suis en bonne santé, mais j’ai voulu voir à l’oeuvre cet homme dont les doigts, comme on le voit dans les documentaires, entrent dans la chair des patients et en extraient une matière organique sombre, puis referment la plaie comme si de rien n’était. Alex Orbito, 74 ans, a obtenu en 2006 le droit d’exercer la guérison spirituelle dans le canton de Genève. Il y passe quelques jours chaque année, attirant des centaines de visiteurs d’Europe et d’ailleurs. Il faut s’inscrire dès que sa venue est annoncée, un mois avant. Deux ou trois jours après, c’est trop tard. On signe une décharge, on indique les soins souhaités. Ceux qui n’ont pas de besoins précis peuvent simplement indiquer, comme moi: «check-up».

Rendez-vous dans un centre associatif aux Pâquis. On fait lentement la queue, on verse 150 francs, on reçoit un post-it portant un numéro et la mention en anglais des soins demandés. On se déchausse, on attend sagement. On observe, on voit de tout: des jeunes, des moins jeunes, des groupes. Certains prient, méditent, vêtus de blanc comme les organisateurs, d’autres ouvrent de grands yeux curieux.

Tiens, le voilà qui passe. Petit bonhomme souriant en veste grise, passe-partout. A peine a-t-il disparu dans l’escalier que les premiers numéros sont appelés. Mon tour vient rapidement. Je monte dans une salle où plusieurs «co-guérisseurs» européens préparent les visiteurs: debout, les yeux fermés, les mains qui entourent ou se posent sur le patient. Les hommes sont invités à enlever la chemise, à desserrer le pantalon. Pour qu’Orbito puisse opérer dès qu’on est allongé. Parce qu’il est en transe, nous explique-t-on, il faut éviter les interruptions.

Il est juste à côté, derrière un paravent. Je vois des patients sortir en titubant, soutenus par des assistants en blanc. J’entends haleter, puis gémir, presque râler. Est-ce lui, Orbito, dans sa transe? Echanges de regards complices parmi les co-guérisseurs. Je comprends maintenant que certains s’inquiètent et renoncent à se faire traiter.

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