Almir Surui a peur de la fin du monde. Il le dit d’une voix douce, il le dit seulement parce que je lui ai demandé comment il trouve ce monde si différent du sien. Celui dans lequel il a grandi est fait de nature et d’eau douce, au fond de la forêt tropicale, à l’extrême ouest du Brésil.
Quand il est né, en 1974, cela faisait à peine dix ans que les Paiter (les «hommes vrais», nom qu’ils se donnent eux-mêmes) rencontraient un Blanc pour la première fois. Puis, les combats et les épidémies (grippe, rougeole, blastomycose) ont fait chuter leur population de 5’000 à 240 personnes. Les Paiter, renommés Surui, sont maintenant 1’300 ou 1’400 et disposent d’un territoire d’une taille proche de celle du canton de Vaud, qu’ils cherchent à préserver.