Il y a la campagne qui se vide, les fermes qui périclitent – près de quatre par jour en Suisse en 2013. Il y a aussi, c’est vrai, les «néo-ruraux», qui choisissent à l’inverse de quitter la ville pour se remettre au vert, comme en France.
Il y a ceux, enfin, qui ont décidé de tourner le dos à la société de consommation. Le photographe français Antoine Bruy, «touché par cette démarche qui se veut un choix de vie militant», est parti sur leurs traces. Son travail en cours est un écho tangible d’un mouvement grandissant, d’une sous-culture qui interpelle.
Les personnes photographiées, Antoine Bruy les rencontre depuis 2010, par le biais du «Wwoof». Ce réseau mondial, né en Angleterre dans les années 1990, met en relation exploitations bio et bénévoles, dans un esprit d’échange et de collaboration non monétaire. «J’aide les gens chez lesquels je me rends pour de nombreuses tâches, comme faire pousser les légumes, réparer un toit, donner les soins aux bêtes…»
Une forme, dit-il, d’«observation participative», qui lui permet à la fois de se «connecter à la terre, de comprendre comment elle marche et de passer du temps» avec ceux dont il partage le quotidien. A terme, cette immersion se traduit par des portraits intimistes.