Sept.info | Dinar explosif

Dinar explosif

© Debuhme
Des fraudes à la devise irakienne ou égyptienne ont abouti à des mises en garde outre-Atlantique.

Des fraudes à la devise irakienne ou égyptienne ont abouti à des mises en garde outre-Atlantique. Le phénomène pourrait gagner la Suisse. Où une compagnie se consacre officiellement, et depuis plusieurs années, à la vente de dinars irakiens.

En cette année 2014, quelqu’un pourrait vous proposer d’acquérir une montagne de dinars irakiens, avec la promesse que demain, leur valeur explosera. Mais le rêve de la richesse ne doit pas empêcher quiconque de garder les pieds sur terre: c’est du moins ce que conseille l’Autorité des marchés financiers (AMF) du Canada. En février 2014, elle a même publié une mise en garde officielle contre les trafics de dinars irakiens, de dôngs vietnamiens ou encore de livres égyptiennes. «Même si le marché des devises fait l’objet d’une importante promotion sur le web et les médias sociaux, il s’agit d’un marché complexe, volatil et très risqué», rappelle le communiqué. Autrement dit, ces devises qui sont monnaie de singe doivent susciter la plus grande méfiance.

En Amérique du Nord, ils sont beaucoup à avoir mordu à l’hameçon. Le quotidien La Presse, de Montréal, a ainsi conté l’histoire de deux Québécois qui affirment avoir investi 75'000 dollars en juin 2011 dans des dinars irakiens. Un dinar qui vaut aujourd’hui encore moins d’un centime de dollar canadien. Ils poursuivent devant une cour civile un chiropraticien, qui leur aurait fait miroiter des bénéfices mirobolants grâce à des informations prétendument de première main (notamment de la part d’un ami travaillant à l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad). 1'925 dollars pour un dollar investi: telle était la promesse. Au final, les excuses pour justifier le retard de la réévaluation du dinar s’accumulent plus rapidement que le pactole: les sanctions de l’ONU, le ramadan, la politique de Barack Obama, ou encore le retrait des troupes américaines. Le chiropraticien se défend, arguant qu’il a lui-même effectué un investissement similaire, et qu’il s’est seulement révélé infructueux. Dans l’Etat de l’Ohio aux Etats-Unis, une fraude de même nature se serait élevée à près de 24 millions de dollars.

Sur le marché des devises étrangères, les arnaques sont légion. L’Office fédéral de la police (fedpol) pointe le rip deal (transaction pourrie ou escroquerie à la transaction) ou le forex scam (arnaque au forex), difficilement repérables. «Dans le cas du rip-deal, les auteurs contactent souvent leurs victimes par le biais d’annonces qu’elles ont postées elles-mêmes, indique la porte-parole de fedpol Danièle Bersier. Ils organisent ensuite un rendez-vous pour proposer des opérations de change frauduleuses.» Le forex scam consiste en des investissements sur le marché des devises, par l’intermédiaire de plateformes internet illégales et malintentionnées. «L’arnaque est moins intelligible que celle que vous évoquez, note Danièle Bersier. Elle nécessite certaines connaissances dont tout un chacun ne dispose pas.» La problématique de l’achat de devises irakiennes, elle, se révèle plus concrète et compréhensible – ce qui pourrait expliquer une plus grande facilité à attirer des victimes.

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