Quand un visiteur est accueilli chez Beximco, il a droit à la visite du parc et du restaurant climatisé au bord d’un lac. Une rareté à Dacca, la capitale du Bangladesh intoxiquée en ce printemps 2016 par les pots d’échappement et les relents qu’exhument les déchets sous plus de 35 degrés, quand elle n’est pas submergée par les inondations six mois de l’année. Même les clubs réservés aux élites économiques et politiques de l’ancien dominion britannique sont moins verdoyants. Dans cette entreprise textile, 30’000 ouvriers assemblent des chemises, des tee-shirts et des jeans pour Kiabi, H&M ou encore Zara.
Comme si elles n’avaient plus honte d’être «made in Bangladesh», ces marques-là ont accepté d’être citées dans l’impeccable diaporama promotionnel que nous projette, dans une grande salle de réunion déserte, le responsable «Ressources humaines et conformité». Chez Beximco, derrière de lourdes portes coupe-feu, les murs des ateliers sont enrichis d’armoires à pharmacie et les plafonds de détecteurs de fumée. Dans chaque rangée, deux ou trois ouvriers portent une veste rouge «sauvetage incendie».