Quand il se lève et se présente, on sent l’intensité fragile du combat de toute une vie. Bernard K. Martin, 71 ans, ancien député vert vaudois, expert autodidacte des sols et de l’humus. Barbichette blanche, lunettes en collier. «Il y a une notion oubliée: la terre fertile, le sol vivant», lance-t-il. On est en juin 2015, à quelques mois de la COP21, la conférence de Paris sur le climat. Les locaux d’Alliance sud, communauté des œuvres d’entraide pour une politique plus favorable de la Suisse à l’égard des pays pauvres, accueillent ce jour-là, à Lausanne, une conférence sur les enjeux climatiques.
Bernard K. Martin parle lentement, les mots pèsent lourd. «Nos sols sont en voie de stérilisation, de désertification. Ce phénomène est grave sur toute la planète. Depuis près de dix ans, j’organise des colloques ici en Suisse et je m’étonne de l’indifférence des politiques. Je m’étonne de la mise à la poubelle de documents quand j’étais au Grand Conseil, des motions et postulats sabotés… C’est à se demander qui dirige ce pays dans ce domaine-là.» Gêne perceptible. Les conférenciers n’ont pas grand-chose à répondre. Est-ce le discours excessif d’un idéaliste en quête d’impact?