Sept.info | La dernière coulée de l'usine Boxal

La dernière coulée de l'usine Boxal

© Laurent Sciboz

Le Fribourgeois Laurent Sciboz était présent lors de la dernière coulée de l'usine Boxal à Belfaux, qui a fermé en mars 2013. Images inédites.

C’était au printemps 2013. L’usine Boxal à Belfaux, près de Fribourg, spécialisée dans la manufacture de pions en aluminium destinés à l’industrie de l’emballage, procédait à sa dernière coulée. Passionné de photographie, qu’il pratique en amateur éclairé, le Fribourgeois Laurent Sciboz a réussi à se glisser dans l’usine et à garder la trace de cette dernière symbolique.

La fermeture de Boxal a conduit au licenciement de 54 employés. Pour Laurent Sciboz, dont le père avait travaillé comme responsable technique chez Boxal, être présent pour ces derniers instants de production était important. «C’était peut-être la dernière coulée du canton, voire même de Suisse romande. J’ai voulu en être le témoin», souligne cet ingénieur en informatique qui travaille au Techno-pôle de Sierre.

Laurent Sciboz a pu se glisser parmi les employés de Belfaux sans problème pour faire ses images. «Ils ont très vite compris ma démarche. Ce jour-là, l’atmosphère n’était pas gaie, mais bon, ils se doutaient depuis longtemps de ce qui allait se passer. Les gens ne le savent plus, mais Belfaux a été une immense usine, productrice de tous ces objets que l’on utilise au quotidien, les tubes de moutarde ou de Parfait, les canettes de bière, les bonbonnes de laque… C’est toute une tradition de la fabrication qui disparaît de nos contrées.»

Au-delà, le Fribourgeois voit dans le destin de l’usine, fondée en 1935 dans le canton, une fable de la mondialisation. Reprise par Alusuisse en 1963, Boxal a été cédée au groupe néerlandais Exal Holdings BV en 2004. Les autres filiales de Boxal, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne ont elles été vendues au groupe irlandais Ardagh.

La photographie, que l’ingénieur pratique depuis des années, lui permet de «figer le temps» et de partager son témoignage, notamment par le biais des réseaux sociaux. Nostalgique? Il aime en tout cas garder la trace de ce qui est voué à disparaître. 

Il a ainsi pris l’habitude de photographier les fermes en voie de démolition dans la Glâne. Des habitations «vieilles de 200, 300, 400 ans», soupire-t-il. Même si certaines échappent à la destruction; lorsque nous le quittons, il s’apprête à rentrer chez lui, «dans une vieille ferme».

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