Sandra est femme de ménage. Depuis 2006, depuis huit ans, elle arrivait chaque matin à 9h30 chez son unique employeur depuis sa lointaine résidence de la Baixada Fluminense, après 3 heures de bus, et quittait son domicile vers 17 heures, après avoir traqué l’ultime grain de poussière. Désormais, Sandra ne vient plus qu’une fois par semaine. Les autres jours, elle officie chez d’autres clients. Car Sandra a créé sa petite entreprise individuelle de nettoyage. Sandra appartient à cette «nouvelle classe moyenne» brésilienne qui représente aujourd’hui l’essentiel de la population du pays, soit 108 millions d’individus sur les 201 millions d’habitants.
Comme des millions de ses compatriotes depuis les années 50, elle est venue chercher du travail dans les grandes métropoles. Mais cette classe moyenne est véritablement née dans les années 2000 grâce à la politique de redistribution des bénéfices de la croissance mise en place par le gouvernement du président Lula. Elle génère plus de 30 millions de nouveaux consommateurs sur le marché intérieur. C’est une révolution sociale sans précédent et une des plus profondes mutations qu’a connues le Brésil depuis l’arrivée des immigrants européens et japonais dans la seconde moitié du XIXe siècle.