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A l’Université al-Azhar, l’enseignement n’est pas mixte. Ici, une classe d’hommes suit un cours d’études islamiques.© Michael von Graffenried

Deux universités entre islamisme et modernité

Seuls 23 kilomètres séparent les sièges de l'Université al-Azhar et de l'Université américaine du Caire. 23 kilomètres: une broutille dans une métropole aussi étendue que la capitale égyptienne. Pourtant, toute une histoire les distingue, raconte l'écrivain Alaa al-Aswany.

Nasr City. Bâtiment principal de l’Université al-Azhar, qui signifie «La Splendide». Devant la grande arche, quelques étudiants attendent un taxi à héler. La circulation est abondante, congestionnée. Comme toujours, ou presque, au Caire, capitale d’une Egypte sur les charbons ardents. Au-delà de l’imposant seuil de pierre, des hommes, mais aussi des femmes, toutes voilées, certaines d’un niqab. 

Fondée en 970, al-Azhar est considérée comme la plus ancienne université au monde. Voilà plus d’un millénaire qu’on y dispense des études islamiques. Chaque année, des centaines d’imams sortent de ses murs. Mais pas seulement: au XXe siècle, l’institution s’est modernisée.

Au début des années 1960, le président Gamal Abdel Nasser élève al-Azhar au rang d’université officiellement reconnue par le gouvernement égyptien. Les femmes y sont alors bienvenues dans toutes les facultés, alors que des disciplines non religieuses font leur apparition: sciences humaines, économiques, pharmaceutiques ou médicales, sciences de l’ingénierie ou de l’esprit. 

«Mais une année d’études islamiques est obligatoire avant toute autre matière, et cette ouverture n’a par ailleurs jamais assoupli un programme religieux très fermé», relativise Alaa al-Aswany, le célèbre écrivain égyptien qui avait reçu sept.info dans le cadre d’une interview publiée en août 2014. «Il n’est pas étonnant que les Frères musulmans y aient une influence indéniable.» La preuve, des étudiants membres de la confrérie, furieux, ont osé manifester après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi.

On y comptabilise désormais plus de 50 facultés. Aujourd’hui, bien que l’enseignement ne soit pas mixte, les femmes représentent près de la moitié des quelque 420’000 étudiants. Elles peuvent également être admises en tant que professeur. Depuis 2010, des étudiants accomplissent en outre leur cursus en langue anglaise.

«Pour moi, al-Azhar, ce n’est qu’une question de religion», reprend Alaa al-Aswany à qui l’on doit notamment L’immeuble Yacoubian, son premier roman publié en 2002. «Tous les grands noms qui en sont sortis étaient avant tout des rebelles qui se révoltaient contre le système al-Azhar, défenseur d’une vision très fermée, conservatrice, très intolérante, qui pousse au fanatisme.»

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