Sept.info | Les «hors réseaux» sont chez eux au Canada

Les «hors réseaux» sont chez eux au Canada

© Jonathan Taggart / lifeoffgrid.ca

Le sociologue Phillip Vannini et le photographe Jonathan Taggart ont sillonné le Canada pour documenter le quotidien de leurs compatriotes qui vivent en pleine nature, hors des réseaux traditionnels d'eau et d'électricité.

Dans les premiers volets de notre série, nous vous avons présenté le portrait en images d’hommes et de femmes qui, pour des raisons diverses, des Etats-Unis à la Suisse et jusqu’au fin fond des bois de Russie, tournent le dos à la frénésie de la vie urbaine et contemporaine.
Chez beaucoup d’entre eux, le rejet de la société contemporaine est très fort. Mais pas chez tous. Au Canada par exemple, l’immensité du pays, dont des pans entiers ne sont pas desservis par les réseaux électriques et hydrauliques ainsi que l’envie de sérénité, sont deux raisons qui expliquent le nombre grandissant des «off the gridders». L’anthropologue Phillip Vannini, professeur à la Royal Roads University de Victoria (Colombie britannique), a décidé d’aller à leur rencontre avec le photographe Jonathan Taggart. Le résultat de leur enquête sur le terrain se décline en trois volets: un site Internet, un documentaire et l’ouvrage Off the Grid – Re-Assembling Domestic Life qui propose à la fois des photographies, des témoignages et des analyses sociologiques.

Comment est né ce projet?
Phillip Vannini:
En 2010, avec ma famille, j’ai décidé de quitter une ville relativement importante de l’île de Vancouver pour partir vivre sur une plus petite île, Gabriola Island. Là, nous avons dû faire face à une grave pénurie d’eau. J’ai donc dû apprendre à économiser et à conserver l’eau que nous consommions. Se doucher, boire un verre d’eau, tout a pris un sens différent. Je me suis alors demandé comment faisaient ceux qui devaient produire et gérer toutes leurs ressources.

Jonathan Taggart: J’ai commencé mon Master en sociologie en 2010. Phillip était l’un de mes professeurs. Je travaillais alors comme photographe et j’ai également une formation en audiovisuel. Quand Phillip m’a proposé d’être son assistant de recherche et de l’aider à réaliser un film documentaire, j’ai sauté sur l’occasion.

Que signifie exactement «off the grid»?
Phillip Vannini:
Aujourd’hui, on accorde toutes sortes de significations à cette expression. Certains l’utilisent même au sens de débrancher lorsqu’ils partent en week-end. Mais le terme se réfère à toute habitation ou lieu qui se situe en dehors des réseaux d’électricité et de gaz. J’insiste sur le fait que l’expression ne fait pas référence à des gens qui vivraient sans courant. D’ailleurs, nous n’en avons rencontré aucun. Toutes les personnes que nous sommes allés voir produisent leur propre électricité.

Quel est leur point commun?
Phillip Vannini:
Leur autonomie, justement. Le fait qu’ils ne puissent compter que sur eux-mêmes pour se procurer nombre de ressources, l’énergie, la nourriture… Certains n’ont ni le téléphone, ni la télévision, ils vivent à l’écart des routes, d’autres sont des environnementalistes qui veulent réduire leur dépendance aux énergies fossiles. D’autres encore sont des ermites en quête de paix, ou des gens qui veulent se prouver qu’ils sont capables de réussir à vivre cette vie-là. Les motivations de chacun sont différentes. Mais je dois préciser que certains n’ont tout simplement pas le choix.

Dans quel sens?
Phillip Vannini:
Et bien le Canada est si vaste, avec des zones si peu habitées, que le réseau ne couvre absolument pas l’ensemble du pays et que l’étendre serait une entreprise massive et extrêmement coûteuse. Je vous parle de plus d’un million de dollars dans certains cas. Cela n’a aucun sens d’investir autant!

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