J’ai eu pendant six ans un appartement à Cracovie, où je résidais une grande partie de l’année. Et c’est à cette époque que j’ai commencé à croiser Ewa, dans la rue, dans le parc avec son chien, dans le tram. Le personnage m’a immédiatement fasciné, alors, sans renoncer, durant deux ans, j’ai essayé de l’approcher, de lui parler, de la photographier: en vain. Rien d’autre que des refus catégoriques et cinglants, des menaces et des regards foudroyants.
Quand un jour, je suis passée chez Ludmila, l'une de mes amies très proches, brocanteuse, qui travaille sur un petit marché en plein air: elle me raconte qu’elle a été accostée par une femme aux manières et à l’allure extravagantes qui voulait lui vendre des photographies réalisées par son père, dont la plupart avaient pour thème la nature ou des portraits. Ewa. Je la décrivis par le menu: ça ne faisait aucun doute, c’était elle, Ludmila en était persuadée elle aussi. Je lui demandais d’organiser une rencontre, qui eut lieu le dimanche suivant, dans un bar proche du marché aux puces.