Regards
remarquables sur un génie du vingtième siècle, les photographies
de Charlie Chaplin prises par Yves Debraine n’avaient jamais été
réunies dans un livre. Le voici, conjuguant des photos connues et
d’autres jamais publiées. Ce qui n’est pas rien: il ne reste
plus beaucoup d’images inédites d’une telle personnalité, dont
la visibilité et la médiatisation ont longtemps été sans
équivalent.
Les archives Chaplin d’Yves Debraine, qui comptent plusieurs milliers de photographies, couvrent la période de 1952 à 1973. Ce sont les années «suisses» du grand cinéaste, le dernier chapitre de son existence hors norme. Menant une retraite active au Manoir de Ban, aujourd’hui le musée Chaplin’s World, Charlie Chaplin accepte qu’un photographe documente sa vie de famille. C’est un privilège rare et une marque de confiance qui l’est autant.
Aujourd’hui, la frontière entre la photographie documentaire et artistique est si ténue qu’elle en perd sa pertinence. A quoi a-t-on affaire ici? A des photos de commande et de reportage, à des portraits individuels ou de groupe. Des décennies plus tard, elles prennent un singulier relief, accentué par les grains du noir et blanc argentique.
Plus le temps passe, plus ces images sont sensibilisées par l’aura, l’expressivité, la profondeur d’un homme qui est resté un incomparable créateur. La photographie est d’abord de la lumière. Y compris celle qui émane d'un être d’exception. Yves Debraine a trouvé ici le modèle idéal.
Ses images expriment aussi sa propre sensibilité de photographe, son humour, son talent. A commencer par celui d’être au bon moment au bon endroit. Je suis son fils, responsable de ses archives: il n’est pas facile, en la circonstance, de garder une distance. Mais vous serez sans doute d’accord avec moi pour apprécier la qualité de cet ensemble d’images. Ainsi que l’émotion qui s’en dégage toujours, comme le rayonnement différé d’une étoile. Une star appelée Charlie Chaplin.