Sept.info | Chris Kyle, la vraie histoire de l'American Sniper (2/3)
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Chris Kyle, le tireur d'élite le plus expérimenté des Etats-Unis, a servi lors de quatre rotations en Irak: 255 victimes dont 160 confirmées. © DR

Chris Kyle, la vraie histoire de l'American Sniper (2/3)

Héros du film de Clint Eastwood «American Sniper», Chris Kyle est le tireur d’élite le plus meurtrier qu’a connu l’armée américaine. Personnage aussi controversé que l’œuvre du réalisateur. Retour sur l’histoire de cette «légende» américaine.

Devenir tireur d’élite des SEAL, les forces spéciales de la Navy, demande des années d’entraînement afin d’acquérir l’assurance suffisante. Même après être passé par l’école des tireurs d’élite, Chris Kyle, le héros du film de Clint Eastwood American Sniper, avait dû faire ses preuves, encore et encore, sur le terrain, sous la pression du combat. Il avait exécuté d’autres missions avant l’Afghanistan et l’Irak, dans des endroits dont il ne pouvait pas parler car il s’agissait d’opérations classées confidentielles. Comme il l’écrira finalement dans son autobiographie American Sniper sa première exécution avec un fusil de précision eut lieu fin mars 2003, à Nassiriya, en Irak. C’était peu de temps après la première invasion, et son peloton – «Charlie», de l’Equipe SEAL 3 – avait investi un bâtiment plus tôt dans la journée afin de fournir une couverture à une unité de marines qui descendait la rue avec fracas. Il portait un fusil Winchester Magnum à verrou de calibre .300, qui appartenait à son chef de peloton. Il aperçut une femme à environ 45 mètres de sa position. Alors que les marines se rapprochaient, elle sortit une grenade. Hollywood nous fait peut-être croire que les tireurs d’élite visent la tête – «une balle, un mort» – mais les tireurs d’élite expérimentés visent le milieu de la poitrine, le centre de gravité. «Les gens sont faibles, avait-il l’habitude de dire. Ils n’ont pas idée.» A cause de cette «faiblesse», il avait dû requérir le feu vert du département de la Défense avant de pouvoir inclure cette histoire et bien d’autres dans son livre. Il voulait que ceux qui ne connaissent pas ce monde sachent exactement à quel degré de malveillance ils avaient affaire au quotidien. Mais il comprenait aussi que le Pentagone ne voulait pas faire de publicité gratuite aux ennemis des Etats-Unis. Il savait que le grand public ne voulait pas entendre parler des réalités terribles de la guerre.

Chris Kyle servit quatre fois en Irak, participant à chaque campagne majeure de la guerre. Il était sur le terrain lors de la première invasion en 2003. Il était à Falloujah en 2004. Et il y retourna, à Ramadi en 2006, puis à Bagdad en 2008, où il fut appelé pour sécuriser le périmètre de la zone verte en entrant dans Sadr City. La plupart des membres de son peloton étaient sur la scène du Pacifique avant le déploiement de 2004. Chris Kyle fut envoyé en avance pour assister les marines chargés de délivrer Falloujah de ses insurgés. Les récits de ses exploits au combat firent le tour de son équipe. Au départ, il était censé couvrir les forces américaines en étant perché, observant une distance de sécurité. Mais il songea qu’il serait plus à même de protéger ses gars s’il était dans les rues à faire du porte-à-porte avec eux. Au cours d’une bataille rangée, on raconte que Kyle courut au travers d’une rafale de balles afin de mettre en sécurité un marine blessé. En entendant ces histoires, ses coéquipiers commencèrent à l’appeler ironiquement «La légende». Les récits de sa bravoure au combat se multiplièrent lors de son troisième déploiement. Un SEAL plus jeune que Chris Kyle était avec lui sur le toit d’un bâtiment à Ramadi quand ils se retrouvèrent sous un feu nourri. Le jeune SEAL (toujours actif dans les équipes, il ne peut donc être nommé) se laissa tomber au sol et se cacha derrière un mur intérieur. Quand il se décida enfin à jeter un œil à ce qui se passait, il vit Chris Kyle debout, collé à son arme et couvrant son champ de tir, indiquant à voix haute les positions ennemies qu’il attaquait. Chris Kyle racontait que l’horreur de la guerre avait été poussée à son paroxysme durant son dernier déploiement, à Sadr City en 2008. L’ennemi était mieux armé qu’avant. Lors de cette mission, l’équipe avait l’impression qu’à chaque attaque, l’ennemi utilisait des grenades autopropulsées dans des batailles qui s’éternisaient pendant des jours. Ce fut aussi la mission durant laquelle Kyle effectua son tir mortel le plus éloigné. Il se trouvait au deuxième étage d’une maison à l’orée d’un village. A l’aide de la lunette de son fusil de précision Lapua calibre .338, il balayait la zone dans le lointain, jusqu’aux portes du prochain village, situé environ deux kilomètres plus loin. Il aperçut une silhouette sur le toit d’un petit bâtiment. Celle-ci ne semblait pas occupée à grand chose, et ne portait pas d’arme apparente. Mais plus tard dans la journée, alors qu’un convoi de l’armée approchait, Chris Kyle vérifia à nouveau et vit l’individu tenant ce qui ressemblait à une grenade autopropulsée.  A cette distance, Kyle ne pouvait qu’estimer ses calculs. Il appuya sur la gâchette et regarda dans sa lunette l’Irakien tomber du toit, 1’920 mètres plus loin. Ce tir décrocha la 8e place mondiale des tirs longue distance effectués par un sniper. Chris Kyle dira plus tard que c’était «un coup de chance».

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