Sept.info | Dancefloor: espace rebelle (2/4)
Dancefloor Dancefloor
Le chorégraphe Francisco «Machito» Grillo, New York, juillet 1947. © William P. Gottlieb

Dancefloor: espace rebelle (2/4)

Le dancefloor n'est pas un endroit anodin. Pour le prouver, cap cette fois sur les Etats-Unis de la première moitié du XXe siècle, où la jeunesse danse à en faire pleurer ses aînés et se déhanche sur du jazz pour oublier une réalité parfois morose.

Le dancefloor n’est pas un lieu neutre. Mais un territoire politique. Au cours du XXe siècle, des générations de kids l’ont tour à tour prouvé. Et rien de leurs gesticulations dans des caves, des clubs homologués ou des salles mornes plantées aux périphéries des métropoles n’a échappé au pouvoir en place. Ce dernier le sait: le dancefloor est un incubateur de la menace. Parce qu’on s’y abandonne. Parce qu’on s’y fédère surtout.  On s’y organise en résistance contre le «dehors», le réel. Contre ce qui menace et cherche à restreindre, sinon annuler, les libertés. Le dancefloor c’est bien entendu aussi l’espace du plaisir. De l’invention de soi. Du narcissisme. Du sexe. De la communion. Il synthétise l’air du temps et les défis auxquels est confrontée chaque nouvelle génération. Pour cette raison, il est d’abord et avant tout le périmètre où s’articulent toutes les façons de dire «non» et puis «j’existe». En cela, il est l’endroit où se concentre l’esprit de la révolte. Afin d’observer son développement, il convient maintenant d’étudier les conditions de sa naissance. Bienvenue dans la jeune Amérique d’un XXe siècle naissant.

En 1900, les Américains nés à l’étranger représentent près de 15% de la population totale du pays, soit quatre millions d’individus qui ont rallié le Nouveau Monde par bateau, apportant leurs langues, leurs folklores. Grandis aux Etats-Unis, les enfants de ces immigrés ne connaissent rien de leurs contrées d’origine: Irlande, Allemagne, Italie, Autriche-Hongrie, France... Pour eux, l’Europe est un bout du monde. Ils se sentent pleinement américains. Quand leurs parents en sont encore à lutter pour s’intégrer dans une société profondément différente de celle qu’ils ont connue, leurs gamins, eux, veulent embrasser tout ce que le pays a à leur offrir. Une culture nouvelle, en premier lieu.

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