Dans tous les pays d’Europe, la crise des réfugiés syriens soumet les milieux politiques à une pression intense en cette année 2015. En Pologne, les électeurs ont porté au pouvoir un parti de droite dont le leader, Jarosław Kaczyński, déclare que les migrants introduisent en Europe «des maladies dangereuses» et «différents types de parasites». En France, lors des élections régionales de décembre, certains candidats socialistes se sont retirés pour soutenir les candidats de droite et empêcher le Front national de l’emporter. Même l’Allemagne, qui a accueilli plus d'un million de demandeurs d’asile, a dû reculer face à la révolte montante au sein du propre parti de la chancelière Angela Merkel et aux viols du Nouvel An à Cologne, imputés à des hommes d’origine nord-africaine.
Et puis il y a le Danemark. Cette petite et riche démocratie scandinave de 5,6 millions d’habitants est, selon la plupart des classements, l’un des pays les plus ouverts et les plus égalitaires au monde. Les disparités de revenus et le taux de pauvreté y sont parmi les plus faibles des nations occidentales. Connu pour avoir des villes au bilan carbone quasi neutre, des soins et des études supérieures gratuites pour tous, des chauffeurs de bus payés comme des experts-comptables, célèbre pour défendre vigoureusement les droits des homosexuels et les libertés, sans oublier sa solide culture du débat, le pays est depuis longtemps un modèle de social-démocratie envié.