Mon premier souvenir du Doubs remonte au siècle passé. Dans les années 70, pour une initiation au kayak, le Canoé-club Fribourg avait organisé un camp d’une semaine sous tente à Goumois, sur la berge suisse de la rivière frontalière. Ma grande hantise, c’était la chute du Theusseret, à un peu plus d’un kilomètre de là…
C’est que je n’ai jamais osé franchir cette chute de plusieurs mètres. Contrairement aux casse-cou qu’étaient Marc ou Jean-Paul, des prodiges de la pagaie. Des moniteurs qui nous enseignaient que, dans les rapides, il faut pagayer fort, bras tendus, naviguer droit, au risque de se faire prendre dans les rouleaux, le kayak en travers de la rivière juste au pied de la chute d’eau. En fin de journée, en guise de dessert, ils nous narguaient en s’offrant la chute du Theusseret. Bien rares étaient ceux qui osaient les suivre.
Le Doubs, ce fut aussi la seule fois de ma vie où, toujours à Goumois, j’ai attrapé un poisson. A la main. Une truite égarée derrière une grande pierre qui émergeait de la rivière. Avec les copains, on se l’était offerte sur un grill bricolé sur place. J’en ai encore en mémoire le goût savoureux.