Après que le pape Clément VIII eût dissout son mariage avec Marguerite de Valois, Henri IV porte son dévolu sur une princesse italienne: Marie de Médicis. Le choix n’est innocent. La Florentine est catholique. De plus, cette union présenterait de grands avantages financiers: la réduction de la créance détenue par Ferdinand Ier de Médicis, grand-duc toscan et oncle de Marie. Le roi de France lui doit près d’un million d’écus.
Jules Michelet dresse le portrait suivant de la future reine de France: «Marie de Médicis, qui avait vingt-sept ans quand Henri IV l’épousa, était une grande et grosse femme, fort blanche, qui, sauf de gros bras, une belle gorge, n’avait rien que de vulgaire. Sa taille élevée ne l’empêchait pas d’être fort bourgeoise et la digne fille de bons marchands ses aïeux». Il retrace ensuite sa généalogie: «D’Italien, elle n’avait que la langue; de goût, de mœurs et d’habitudes, elle était Espagnole; de corps, Autrichienne et Flamande. Autrichienne par sa mère, Jeanne d’Autriche; Flamande par son grand-père, l’empereur Ferdinand, frère de Charles-Quint. Donc, cousine de Philippe II, de Philippe III, de ces rois blêmes et blondasses, aux yeux de faïence, tristes personnages que Titien et Vélasquez gardent encore sur leurs toiles dans toute la triste vérité».
Le mariage se déroule le 17 décembre 1600 à la cathédrale Saint-Jean de Lyon; le montant de la dote, déduit sur la dette, est de 600’000 écus.
Le dauphin (le futur roi Louis XIII) naît le 27 septembre 1601 à Fontainebleau. Il s’agit d’un événement dynastique important: c’est la première fois que, depuis Henri II, un souverain français a un héritier légitime mâle pouvant prétendre au trône. Rarement une naissance royale avait été aussi attendue et célébrée. La naissance du dauphin achevait en quelque sorte les réussites politiques d’Henri IV. Les Français vivaient alors dans une heureuse période d’euphorie monarchique. La naissance son fils aîné pérennise sa lignée pour deux siècles.
Mais son mariage avec Catherine n’empêche pas Henri de succomber en juin 1599 au charme d’Henriette d’Entragues…
Alain Chardonnens, historien et enseignant-formateur à l'Université de Fribourg