Publié en 1849 en 5 volumes in-8°, Louis XV et sa cour est un récit historique (1) dont l’action se situe entre 1710 et 1774. Les années du règne de Louis XV sont présentées en privilégiant deux axes: si les aspects politiques (problèmes internes; alliance et guerres en Espagne) sont rapidement évoqués, Alexandre Dumas privilégie cependant les amours du roi.
Comme le rapportent Réginald Hamal et Pierrette Méhé dans leur Dictionnaire Dumas, «la famille Mailly-Nesle occupe une très large part [dans le texte] puisque depuis Louise-Julie (vers 1733) se suivent, au lit du roi, ses sœurs Pauline, Marie-Anne de Flavencourt et de Lauragais.
Mme de Pompadour et Mme Du Barry, sans compter les autres courtisanes de passage, prendront la relève de la famille Mailly-Nesle» (2). Ces éléments qui structurent le récit semblent être un reflet des préoccupations d’Alexandre Dumas: la vitalité du roi peut être mise en parallèle avec celle de Dumas, lui aussi cherchant à conquérir les cœurs…
Né à Versailles en février 1710, Louis, duc d’Anjou jusqu’en mars 1712, est l’arrière-petit-fils de Louis XIV. Se situant au quatrième rang dans l’ordre de succession, Louis n’était pas destiné à monter sur le trône (3).
Jean-Christian Petitfils écrit que «Louis XIV pouvait être rassuré sur sa succession. Monseigneur, son fils, quarante-neuf ans, deviendrait Louis XV, le duc de Bourgogne, son petit-fils, vingt-huit ans, Louis XVI, le duc de Bretagne, son arrière-petit-fils, trois ans, Louis XVII, et, si ce dernier n’avait pas d’enfant mâle, le nouveau-né lui succéderait sous le nom de Louis XVIII… Pouvait-il deviner que l’imprévisible faucheuse allait culbuter ces pauvres mais logiques calculs?» (4)
En effet, en quelques années, l’ordre dynastique est remis en question. Ses deux frères aînés meurent, respectivement en 1706 et en 1712; le Grand Dauphin – le fils de Louis XIV et le grand-père du futur Louis XV – meurt de la variole en 1711; le Petit Dauphin – petit-fils du Roi-Soleil et père du futur Louis XV – est emporté par la variole en 1712.
Dans un souci de pérennisation de la monarchie, Louis XIV, roi vieillissant, se décide à montrer à son arrière-petit-fils les codes de l’étiquette et de la vie publique à la cour. Le nouveau Dauphin prend ainsi part aux côtés du vieux roi à la réception de l’ambassadeur de Perse dans la Galerie des Glaces et à la cérémonie de la Cène lors du Jeudi-Saint.
Alain Chardonnens,
historien, enseignant-formateur à l’Université de Fribourg