Le harem de Louis XV: le Parc-aux-Cerfs

© DR
Louis XV, roi des Français.

Qu’était-ce que le Parc-aux-Cerfs? Un harem d’où chaque esclave était exilée après avoir eu l’honneur de la couche de Louis XV.

«1750 prévoyait déjà 1789!», annonce Alexandre Dumas dans ce quinzième chapitre consacré au règne de Louis XV. Les remaniements dans les ministères pour tenter de redynamiser l’action de l’Etat à bout de souffle, des finances catastrophiques, des régions qui font preuve d’insoumission, les fortes résistances du clergé et de la noblesse qui ne veulent pas s’acquitter du vingtième: la monarchie est fortement contestée.

Pas de salut non plus auprès du peuple: les Parisiens se soulèvent contre l’autorité royale. Louis XV, la mort dans l’âme, se résout à quitter la capitale, comme le raconte Dumas: «Le roi renonça, à partir de ce jour, à toute communication entre lui et cette capitale qu’il avait tant aimée et où il avait été tant aimé; il rompit avec Paris, qui, cinq ans auparavant, l’avait reçu en triomphateur, couvrant son passage d’une jonchée de fleurs et de verdure; avec Paris, autrefois la ville de la joie, des plaisirs et des fêtes, devenue aujourd’hui la ville des insultes et des menaces.»

En guise de réconfort, Louis XV renoue alors avec son ancienne courtisane, Madame de Pompadour, qui met au point la structure du Parc-aux-Cerfs, permettant de satisfaire les désirs sexuels du roi libidineux avec de jeunes femmes. Alexandre Dumas explique: «Or, qu’était-ce que le Parc-aux-Cerfs? Un harem de Bagdad ou de Samarkand, d’où chaque esclave était exilée après avoir eu l’honneur de la couche du maître. Celles qui n’y avaient laissé que leur honneur en recevaient le prix, on les dotait; et, grâce à cette dot, on les mariait dans la bourgeoisie ou dans les fermes; celles qui y avaient puisé la maternité voyaient leur enfant poussé dans le clergé ou dans l’armée. Peu importaient donc à madame de Pompadour toutes ces esclaves d’un instant, pourvu qu’elle fût la sultane favorite, ou tout au moins la Schéhérazade qui devait, par son esprit, par son art et par ses contes, amuser le sultan pendant mille et une nuits.»

Déjà en difficulté dans les aspects militaires, financiers et institutionnels, en rupture avec les Parisiens, la monarchie a sombré dans le domaine de la moralité. Elle ne s’en remettra pas.

Alain Chardonnens, historien et enseignant-formateur à l'Université de Fribourg

Les brouilles entre les meilleurs amis, entre maris et femmes, entre amants et maîtresses, viennent souvent lorsque l’argent manque; hélas! la rupture entre les peuples et les rois a rarement d’autres causes.

A propos de l’état des finances sous le régent, nous avons déjà dit la pénurie où se trouvait la France; après toutes les folies que nous venons de raconter, ce fut bien pis encore, et, comme des pionniers arrivés à la fin d’une mine épuisée, les ministres sentirent que les filons allaient manquer. Ce genre de malaise se manifeste ordinairement par des changements de ministères.

Les résultats maritimes de la dernière guerre avaient clairement démontré dans quel état déplorable était tombée notre marine, si florissante sous Colbert, si abandonnée par Fleury. M. de Maurepas, rendu responsable de cette détresse, ou plutôt reconnu coupable d’un quatrain contre la favorite, avait quitté le ministère de la marine pour faire place à M. de Rouillé, tandis que, ainsi que nous l’avons raconté, ce brave Orry, qui tirait écu par écu du cardinal de Fleury les douze mille livres qu’il donnait à la reine pour payer ses pieuses dettes, qui offrait au commencement de la guerre de Flandre quatre-vingts millions pour soutenir l’honneur de la France à bout de ressources, et d’ailleurs ébranlé par la favorite, se retirait pour faire place à M. de Machault d’Arnouville.

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