A l’époque, rappelle Dumas, la France «tenait presque toutes les Antilles. Ses colonies d’Acadie, du Canada et de la Louisiane prenaient de jour en jour plus d’étendue. Elle avait Québec, Montréal, Mobile et la Nouvelle-Orléans; les forts de Frontenac, de Saint-Charles, de Saint-Pierre et de Maurepas s’élevaient à l’envi sur les lacs du Canada. Le fort de la Reine dominait la rivière des Assiniboins. Elle tenait, sur les lacs Ouinipeg, les forts Dauphin et Bourbon.» Les Anglais assassinent Jumonville, l’un des officiers commandant les troupes françaises dur l’Ohio. Son frère, de Villiers, marche contre le fort tenu par le major Washington, qui se rend.
La Perfide Albion veut se venger de cette capitulation: «Tout à coup, sans déclaration de guerre aucune, précipitant le dénouement d’une situation douteuse, il fait sur mer ce que Frédéric allait faire sur le continent, et l’on apprend à Paris que des navires marchands et même des vaisseaux de guerre ont été capturés par des escadres britanniques. Les hostilités commencèrent au banc de Terre-Neuve, c’est-à-dire dans les mêmes régions où venait de se passer l’événement que nous avons raconté. Le 3 juin 1755, un an après l’aventure de Jumonville, l’amiral Boscawen, à la tête d’une escadre anglaise de treize vaisseaux de guerre, rencontre les vaisseaux du roi l’Alcide et le Lis, s’approche d’eux sous des apparences amies, et tout à coup les enveloppe et les attaque.»
Le traité de Paris (1763) reconnaît une importante défaite de la France avec la perte de la Nouvelle-France et de l’Inde au profit des Britanniques.
Alain Chardonnens, historien et enseignant-formateur à l'Université de Fribourg
Il y a juste cent ans aujourd’hui, à l’époque où nous écrivons ces lignes, que l’Angleterre et la France, ces vieilles ennemies de Crécy, de Poitiers et d’Azincourt, s’apprêtaient à poursuivre sur l’Océan la lutte continentale qu’elles soutenaient depuis cinq siècles, et que nous avons vue se clore, en 1745, par la bataille de Fontenoy. Jetons les yeux sur la carte du monde en 1750 et disons quelle était leur puissance respective.
L’Angleterre, il y a cent ans, ne possédait que cinq comptoirs dans l’Inde: Bombay, Béjapour, Madras, Calcutta et Chandernagor. Elle n’avait, dans l’Amérique du Nord, que Terre-Neuve et cette bande du littoral qui s’étend, comme une frange, de l’Acadie aux Florides. Sa seule possession, au banc de Bahama, était les îles Lucayes; aux Petites-Antilles, Barboude; dans le golfe américain, la Jamaïque.