Sept.info | La traque du roi de Pologne par les Cosaques

La traque du roi de Pologne par les Cosaques

A peine élu roi de Pologne, Stanislas Leszczyński, gendre de Louis XV, doit fuir devant la venue de l'armée russe, dans des conditions rocambolesques.

Dumas Louis XV Dumas Louis XV
Stanisław Leszczyński peint par Jean Girardet. © DR

En février 1733, Auguste II le Fort, l’extravagant roi de Pologne, meurt. Le danger menace l’intégrité du pays: la Prusse, la Russie et l’Autriche lorgnent dangereusement sur le royaume sans souverain. Pour arriver à leurs fins, ces deux derniers empires proposent un candidat au trône de Pologne: Auguste III, Electeur de Saxe et fils du roi défunt.

Louis XV propulse à son tour son beau-père, Stanislas Leszczyński, qui avait été roi de Pologne de 1704 à 1709 avant d’être déchu. Stanislas est soutenu par la noblesse polonaise. De plus, son gendre, le roi de France, répond à une exigence de politique intérieure, comme l’explique Emmanuel Le Roy Ladurie: «Quelques Français, certes excités, s’affirment eux aussi favorables au nouvel élu, car mécontents de voir Louis XV époux d’une simple demoiselle et non d’une fille de vraie maison souveraine». (Emmanuel Le Roy Ladurie, L’Ancien Régime: 1610-1770, Paris, Hachette Littératures, 2003, p. 290).

En septembre de la même année, Stanislas est élu roi de Pologne… mais doit fuir en raison de la venue de l’armée russe. Il se réfugie alors à Dantzig, attendant les secours de la France. Stanislas s’enfuit de Dantzig, bombardé, dans des conditions rocambolesques.

La traque du roi fuyard par les Russes commence. Alexandre Dumas narre les aventures du roi déchu, errant dans les marais et la forêt: «Le jour venu, Stanislas sortit de la cabane. Il était à une demi-lieue de Dantzig, que l’on continuait de bombarder, et il ne perdait aucun détail du bombardement. Le roi passa toute la journée dans l’impatience de la voir finir.

Heureusement, la cabane dans laquelle il se trouvait était si misérable et si isolée, que personne n’y vint. On se remit en chemin avec la nuit; seulement, au fur et à mesure que l’on avançait, le chemin devenait plus pénible. On était arrivé au milieu d’une forêt de roseaux dans laquelle il fallait se frayer un passage, non seulement en les écartant, mais encore en les écrasant sous le fond de la barque; il en résultait que cette courbure faisait, dans le silence de la nuit, un bruit qui pouvait être entendu et laissait une trace qui donnait toute facilité à poursuivre les fugitifs. 

De temps en temps, en outre, il fallait descendre du bateau enfoncé dans la vase et le tirer à force de bras dans un endroit où il y avait plus d’eau.» Stanislas arrive enfin à Marienwerder, sain et sauf.

En octobre 1735, les accords de Vienne stipulent la fin de la guerre de succession de Pologne. Si la guerre de succession de Pologne ne permet pas à Stanislas Leszczyński de recouvrer sa couronne, elle débouche cependant sur l’occupation puis, quelques décennies plus tard, sur l’annexion de la Lorraine et du Barrois par la France, constituant de la sorte la dernière acquisition territoriale du royaume avant les guerres de la Révolution.

Alain Chardonnens, historien et enseignant-formateur à l'Université de Fribourg

Après cette longue période de paix, ou de guerre sans importance, un événement s’accomplissait qui allait remettre en question l’équilibre de l’Europe.

Le 1er février, le roi de Pologne, Frédéric-Auguste, meurt à Varsovie, âgé de soixante-deux ans. Son fils, le prince royal et électoral de Saxe, succédait de droit à son électorat; mais il ne pouvait succéder au trône de Pologne, le trône de Pologne étant soumis à l’élection. Ce prince, Frédéric-Auguste II, était le même qui avait détrôné Stanislas, beau-père de Louis XV.

Le 3 mai, la diète s’assembla. Le résultat de sa délibération fut:
Que les seuls gentilshommes polonais avaient droit à l’éligibilité;
Qu’il fallait non seulement, pour jouir de ce droit, être gentilhomme polonais, mais encore être né de père et de mère catholiques;
Que personne autre que le primat ne pouvait proclamer le roi, sous peine d’être déclaré ennemi de la patrie;
Enfin, que l’élection était fixée au 25 du mois d’août.

Dès le 17 mars, le roi Louis XV avait déclaré à tous les ambassadeurs étrangers accrédités près la cour de France qu’il ne souffrirait pas qu’aucune puissance s’opposât à la liberté de l’élection.

Ce qui avait donné lieu à cette déclaration, c’était la démarche faite par le primat et par un certain nombre de gentilshommes auprès du roi Stanislas. Cette démarche avait pour but d’offrir la couronne de Pologne au père de la reine de France. Mais, en écoutant la proposition, Stanislas avait secoué la tête et avait dit:
— Je connais les Polonais: ils me nommeront, mais ils ne me soutiendront pas.
— Soyez nommé, lui fit dire Louis XV, et je vous soutiendrai, moi.

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