A la suite de l’assassinat de Jules César, survenu lors des Ides de mars de 44 av. J.-C, une alliance se forme alors entre Marc Antoine, consul et ancien lieutenant de César, Octavien, le fils adoptif du dictateur, et Lépide, l’ancien maître de cavalerie (magister equitum), pour châtier les assassins républicains. Servant en premier lieu leurs intérêts respectifs, les trois héritiers de César sont forcés de s’entendre pour former un triumvirat sanctionné par la lex Titia du 11 novembre de 43 av. J.-C. Octavien reçoit l’Afrique, la Sardaigne et la Sicile (ainsi que 20 légions), Lépide la Gaule narbonnaise et les provinces ibériques (et 3 légions) et Marc Antoine les Gaules cisalpine et chevelue (et 20 légions). Entre novembre et décembre, les triumvirs se livrent à l’élimination de leurs ennemis par des proscriptions: trois cents chevaliers et sénateurs souvent favorables à la République, parmi lesquels Cicéron, sont tués sans jugement; leurs biens sont confisqués.
Alors que Lépide reste à Rome, Marc Antoine et Octavien se rendent en Orient pour anéantir les troupes des césaricides lors des deux batailles de Philippes, en Grèce, qui se déroulent en octobre et novembre 42 av. J.-C. Vaincu par Marc Antoine, Cassius se suicide. Trois semaines plus tard, l’autre fer de lance de la conjuration, défait à son tour, se suicide lui aussi. La fin tragique des assassins de Jules César a marqué les esprits et les générations: Shakespeare la relate dans le cinquième acte de sa pièce Jules César. Selon Jean-Marie André, «la victoire prit la forme d’une épuration sanglante. Suétone rappelle que les vaincus républicains, pleins de sarcasme pour Octavien, furent menés au supplice.» La cause républicaine est gravement affaiblie. Les triumvirs se livrent à un nouveau partage du monde romain: Octavien s’octroie l’Occident (Gaule, Hispanie et provinces occidentales), Marc Antoine l’Orient et Lépide l’Afrique.
Alain Chardonnens, historien, enseignant-formateur à l’Université de Fribourg