Fuyant l’épidémie de choléra, Alexandre Dumas quitte Paris en mai 1832 pour se rendre en Suisse. De ce séjour, il rédigera ses célèbres Impressions de voyage en Suisse. Après Genève, Lausanne et Martigny, Alexandre Dumas arrive à Chamonix. L’écrivain s’intéresse particulièrement à une conquérante des sommets, une femme hors norme: Marie Paradis (1778-1839).
En 1808 (et non en 1811 comme Dumas l’affirme), six Chamoniards, emmenés par le guide Jacques Balmat, sont rejoints par deux femmes qui veulent les accompagner. S’il renvoie Euphrosine Ducrocq, mère d’un enfant de sept mois, Jacques Balmat autorise cependant Marie Paradis à prendre part à l’expédition. Ayant passé la nuit aux Grands Mulets, les montagnards reprennent leur ascension. Mais Marie commence à montrer des signes de faiblesse. Alexandre Dumas raconte:
«Mais, arrivée en haut, soit par fatigue de la montée, soit par peur de réflexion, elle sentit que ses jambes s’en allaient à tous les diables; alors elle s’approcha en riant de Balmat, et lui dit tout bas, afin que les autres ne l’entendissent pas:
– Allez plus doucement, Jacques, l’air me manque, faites comme si c’était vous qui soyez fatigué.
Balmat ralentit sa marche; Marie profita de cela pour manger de la neige à la poignée.»
Balmat et un autre guide décident de la prendre sous les bras pour l’aider à marcher. Les membres de l’expédition atteignent enfin le sommet. Dumas écrit: «Marie était presque évanouie; cependant, elle se remit un peu et porta les yeux sur l’horizon immense qu’on découvre. Nous lui dîmes en riant que nous lui donnions pour sa dot tout le pays qu’elle pourrait apercevoir.»