Comment les appeler? Génies des maths? Surdoués de la physique? Sorciers? Fous? Devins? Qui sont vraiment ces êtres humains qui, grâce à la science, ont osé, un jour, sortir des routes toutes tracées de leur temps? Qui ont cassé les codes? Qui ont pris le risque de bouleverser l’ordre établi? Aujourd’hui, ils peuplent nos universités, nos écoles polytechniques, comme celle de Lausanne qui fête ses 50 ans, mais hier…
Hier, ces scientifiques étaient considérés comme suspects, étranges. Ils inquiétaient. Faisaient peur. On les disait possédés par le diable. Beaucoup ont brûlé sur des places publiques. Certains, comme Galilée, se sont tus pour éviter une condamnation à mort. D’autres ont croupi dans des prisons, mis au ban d’une société qui peine toujours à admettre la différence. Cette différence qui rend ces visionnaires pourtant tellement humains.
Car plus que les balles et les bombes, ce sont les vérités déterrées par les Einstein, de Vinci, Newton ou Curie qui ont fait avancer nos civilisations. Leurs parcours nous rappellent que croire en Dieu, en Allah ou en Yahweh, c’est une histoire personnelle et louable, mais que pour faire progresser notre monde, il faut des faits, solides, vérifiables et qu’à la fin, tout s’explique. N’en déplaise aux obscurantistes.
Le 27e opus de Sept mook rend hommage à ces Hommes d’exception, ces explorateurs de notre Histoire, à l’intelligence et à cette envie de déplacer des montagnes comme l’ont fait Ettore Majorana, génial physicien italien étrangement disparu en 1938, ou Robert Cailliau, coinventeur oublié du Web qui aurait bien aimé le rester – oublié –, mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté de
notre auteur.
Les faits, rien que les faits et toujours les faits. Il en va de même pour le journalisme. Et pour avoir tenté de voler trop proche de l’info-divertissement, de nombreux médias se sont brûlé les ailes au feu des fake news et de l’info gratuite. Et Sept, me direz-vous? Voilà cinq ans que nous nous battons avec nos petits moyens, que nous explorons, tentons, testons, que nous nous trompons, que nous remettons l’ouvrage sur le métier… Un processus passionnant, quasiment scientifique.
Ça marche, ajouterez-vous? Oui puisque vous êtes là, à nous lire. Et nous pouvons vous le confier en toute transparence: depuis le début de l’année 2019, notre start-up s’autofinance grâce à vous, chers abonnés et lecteurs en kiosques et librairies, grâce aussi à nos annonceurs. Merci à vous toutes et tous de votre soutien, de votre enthousiasme pour notre projet pionnier, primé plus d’une dizaine de fois et encore nominé à deux reprises au True Story Award 2019 de Berne.
Parallèlement, nous continuons à muscler notre offre. Le mook accueille une section «littérature du réel» où nos contributeurs Olivier Weber, Fabrizio Calvi ou Pascal Vandenberghe chroniquent les meilleurs ouvrages de slow journalisme. Nous interviewons également des auteurs qui nous rappellent, au fil de leurs livres, bandes dessinées ou autres publications de photographie, que la réalité est généralement plus passionnante que la fiction.
Cet automne, c’est notre site sept.info qui fera peau neuve. Autre nouveauté à venir: des livres de poche rassemblant nos meilleurs récits dans un écrin différent pour un grand public. Et dès 2020, en complément de nos prix de photographie et de BD-reportage, nous lancerons un prix de slow journalisme destiné aux jeunes reporters de Suisse et de la francophonie.
Bref, vous l’aurez compris, nous savons être très slow, nous ne chômons pas pour autant. Très bonne lecture.