Leur combat, c’est celui de David contre Goliath, du Petit Poucet contre l’ogre, de la belle contre la bête ou de l’équipe de Suisse de football contre la majestueuse France... Vous l’aurez compris, rien ne permet de dire aujourd’hui que les opposants à l’implantation des éoliennes dans les campagnes fribourgeoises vont avoir gain de cause. Loin de là.
Il est même très probable que ces infernales machines à vent de 230 mètres de hauteur, au nom de la totalement illusoire autosuffisance électrique, de la lutte contre le changement climatique ou de la crainte d’un très improbable black-out, balafrent un jour les forêts, les collines et les monts jusqu’à présent préservés de ce canton encore très agricole, mais surtout peu venteux.
Or, quoi qu’il arrive, ces paysans, musiciens, cadres, avocats, scientifiques, patrons, universitaires, enseignants, écrivains, sans emploi ou ouvriers que nous faisons témoigner dans ce 46e opus de Sept mook, nous auront donné une leçon de démocratie.
Une belle leçon de civisme également que nous souhaitons partager avec vous, alors que les autorités locales, cantonales et fédérales pataugent honteusement dans les miasmes de leurs mensonges, cachotteries ou encore accords secrets signés avec les électriciens et autres promoteurs de ce vent électrique.
Choqués par ces errements, sonnés même de comprendre que l’Etat n’est pas forcément protecteur, ils n’ont pas décidé d’occuper des ronds-points ou de casser du flic. Responsables, honnêtes, disciplinés, ils se sont coordonnés pour chercher ce qui fait encore aujourd’hui tomber les murs: la vérité...
Et pour y arriver, ils ont utilisé les seules armes en leur possession: la curiosité et la persévérance avec l’aide de la Loi sur la transparence qui est censée ouvrir tous les coffres-forts étatiques, même si certaines serrures continuent encore et toujours à leur résister. Depuis, c’est une avalanche de révélations sous la forme de documents officiels souvent compromettants.
Dick Marty, avant de mourir le 28 décembre 2023, leur avait rendu hommage en affirmant que «dénoncer l'injustice, la corruption et la mauvaise gouvernance est non seulement le devoir de tout citoyen, mais aussi et surtout un acte d'attachement profond à son pays, à sa population et au monde dans lequel nous vivons».
Un trait d’intelligence et de droiture qui ne nous étonne guère venant de ce Tessinois qui n’a jamais hésité à s’attaquer aux plus forts. Les mafieux quand il était procureur. Ou la CIA et ses prisons secrètes quand il était élu au Conseil des Etats et enquêteur pour le Conseil de l’Europe.
Cette leçon de démocratie est d’autant plus importante qu’elle tombe au moment où cette dernière est mise sous pression par les extrêmes de gauche et de droite, par l’indifférence de la majorité silencieuse qui se dit, à tort, que quoi qu’elle fasse, rien ne changera ou encore par les empires, russe, chinois, iranien ou turc qui haïssent notre liberté de ton, d’opinion et de commerce.
Il est grand temps de comprendre que la démocratie est fragile et qu’elle mérite qu’on se batte pour elle. Ces Fribourgeois nous montrent la voie.