C’est comme si Charles Dickens et George Orwell avaient écrit à quatre mains le personnage d’El Duque, le rôle qu’il a joué dans le Cuba de Fidel Castro, et son long cheminement vers la gloire sur une île menacée d’implosion sociopolitique, située à quelques 140 kilomètres au large des côtes américaines. Au milieu des années 1990, l’effondrement de l’Union soviétique et l’arrêt soudain de ses subventions au gouvernement cubain précipitèrent dans l’abîme l’économie de l’Etat des Caraïbes.
Ces terribles épreuves donnèrent lieu à ce que Fidel Castro nomma une «période spéciale en temps de paix», gangrenant chaque aspect de la vie quotidienne du peuple cubain, exceptés, comme se plaisait à l’affirmer Castro, son engagement et sa détermination indéfectibles envers la cause révolutionnaire.
D’insupportables pénuries d’énergie entraînaient des coupures de courant sur tout le territoire. La nourriture se faisait rare et il fut bientôt quasiment impossible de trouver de l’essence sur l’île. Selon certaines estimations, l’économie du marché noir éclipsait alors l’économie officielle.
On pouvait passer des années en prison pour avoir été pris en possession d’une poignée de dollars américains.