Sept.info | En Birmanie, les extrémistes en robe de Ma Ba Tha

En Birmanie, les extrémistes en robe de Ma Ba Tha

Le mouvement de moines fondamentalistes Ma Ba Tha a vu sa popularité exploser en Birmanie. Il a inspiré des émeutes antimusulmanes qui ont fait des dizaines de morts et pesé de tout leur poids sur les élections historiques de novembre 2015.

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Le mouvement de moines fondamentalistes Ma Ba Tha a vu sa popularité exploser en Birmanie.© Clément Bürge

La marée de robes ocre est parcourue d’un frémissement. Ashin Tilawkar Biwonsa, le fondateur de l’organisation bouddhiste Ma Ba Tha, vient de monter sur l’estrade. «Aujourd’hui est un jour de victoire, lâche le moine de 77 ans. Vous devez nous aider à protéger les lois qui vont sauver notre pays et notre race.» Devant lui, 10’000 personnes rassemblées dans le stade Thuwanna, en périphérie de Rangoun. Elles sont venues assister à cette manifestation qui clôt un mois de célébrations à travers le pays pour fêter l’adoption au Parlement birman de quatre lois destinées à limiter les droits des musulmans.

La chaleur et l’humidité sont presque insoutenables dans l’enceinte remplie à ras bord de moines au crâne rasé, de nonnes en habits rose pâle et de laïcs arborant des tee-shirts blancs ornés d’une pagode dorée posée sur une fleur de lotus, le logo du Ma Ba Tha. Certains agitent le drapeau à six bandes de couleurs, symbole universel du bouddhisme. D’autres épongent de grosses gouttes de sueur en agitant des éventails en plastique jaune.

La foule est telle que certains ont dû se résigner à regarder l’évènement sur des écrans géants à l’entrée du stade, au milieu des stands qui distribuent des bouteilles d’eau et du riz frit dans des boîtes en polystyrène. Les discours se succèdent, interrompus de temps à autre par le public qui scande en cœur les injonctions des pontes de l’organisation. Ils sont suivis d’une série de prières et puis, de manière un peu incongrue, des femmes girafes au long cou emprisonné par une colonne d’anneaux dorés défilent sur scène.

«Notre pays est bouddhiste et il doit le rester», s’emporte Win Naind, un marin de 53 ans venu assister à l’évènement. «Les musulmans ne sont pas des citoyens birmans, ils devraient retourner au Bangladesh», renchérit Nyarnawara, un jeune moine en robe pourpre, en référence à la minorité rohingya vivant dans l’Etat de Rhakine. «Nous devons protéger nos femmes: lorsqu’elles épousent un musulman, il les frappe et les traite avec cruauté», ajoute Kyaw Kyaw Oo, un vendeur de pièces automobiles de 36 ans.

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