Chili, mine de Chuquicamata. Le plateau aride du désert d’Atacama, enclavé par la cordillère des Andes à l’Est et l’océan Pacifique à l’Ouest, couvre la zone la plus septentrionale du Chili. C’est une vaste étendue pratiquement dépourvue de vie, à l’exception des meutes d’alpagas qui traversent parfois la route et des cactus qui la bordent et poussent lentement sous les feux du soleil. Mais la nudité de l’Atacama est trompeuse, car sous ses dunes soyeuses et ses paysages lunaires faits de sel et de lave durcie repose l’élément vital du Chili: des millions de tonnes de réserves de cuivre. Je suis venue sur le plateau pour visiter la plus importante mine du Chili: Chuquicamata, qu’on surnomme ici Chuqi, propriété de la compagnie minière du cuivre Codelco, qui appartient à l’Etat.
Cette mine de cuivre à ciel ouvert – la plus grande de la planète – soit vieille de plus d’un siècle, représente encore environ un cinquième de la production totale de la société, bien que ses ressources aient considérablement diminué. L’amenuisement de la production et la découverte de réserves de cuivre additionnelles ont incité Codelco à creuser plus profond, et la compagnie est actuellement au beau milieu du développement d’une mine souterraine de près de 4 milliards d’euros. Mais mon intérêt pour la mine n’a pas tant à voir avec le cuivre qu’avec les mineurs eux-mêmes. Un ami chilien m’a confié un jour qu’il y avait une vieille croyance dans le pays, qui voudrait que lorsque une femme entre dans une mine, une catastrophe ne tarde pas à survenir.