En Bourgogne-Franche-Comté, il y a le Jura. Un monde à part. C'est vert, vallonné, parfois majestueux, bucolique. Façonnée par l'homme, la nature est souvent rangée au cordeau, un peu comme en Suisse. Dans la région de la Petite Montagne, à cinquante minutes de voiture de Lons-le-Saunier, la préfecture du département, l'air y est pur. Tellement pur que les gens du coin, les plus anciens et les retraités ne cessent de le vanter. «On le prescrivait aux nourrissons», assure André, 75 ans. «C'est recommandé aussi pour les personnes nerveuses, glisse Françoise, son épouse, avec un léger accent traînant teinté de jurassien. Pas besoin de somnifères ou de pilules. Vous vous endormez sans problème.»
André et Françoise possèdent une jolie maison familiale rustique à La Boissière, à 9 kilomètres d'Arinthod, le gros bourg du canton. Ici, l'air est pur, mais il vous assomme. Comme un coup de gourdin sur la tête. Débarqué de la métropole, vous contemplez les crêtes de la Petite Montagne, un bout du massif jurassien, et en contrebas la vallée du Jura, vous dînez et écoutez les derniers potins du village, les bons et les mauvais moments, et puis paf, à 21 heures, vous n'avez qu'une envie: vous coucher et aller dormir. Le lendemain, vous vous extirpez péniblement du lit vers 10 heures. Le sommeil a été lourd. La nuit vous a enveloppé. Morphée vous a pris dans ses bras puissants. Puis tout s'étire. Le temps est long et bénéfique. Il vous faut bien deux jours pour sortir de la léthargie. «C'est normal», dit Benoît, le seul exploitant agricole de La Boissière. Un grand gaillard, toujours en action. «Ça fait ça à tous les gens de la ville. Ils disent tous la même chose.» Benoît est un enfant du pays.