Il se dit «maigre comme un mois de carême, l’air plutôt sévère sans le vouloir» alors qu’il «dévore la vie», regarde le monde «avec émerveillement» et plaint ceux qui passent à portée de sa voix dans ses «moments d’exaltation.» Sage et passionné, François Choffat, 75 ans, originaire de La Chaux-de-Fonds et fondateur en 1995 du Centre de médecine «holistique» de La Corbière, près d’Estavayer-le-Lac, ne manque pas de force de conviction. Mais que penser de l’homéopathie, qu’il défend avec ardeur? Pour la plupart des scientifiques, les dilutions homéopathiques sont telles que le liquide ne contient plus une seule molécule du remède dilué. Il ne peut donc agir chimiquement. Justement, dit François Choffat: l’action n’est pas chimique. Et c’est là que la médecine «déterministe» est selon lui incomplète.
Il n’a pourtant jamais cessé d’être un médecin généraliste. Et s’il a écrit Médecin de dernier recours (Editions d’En bas), c’est «par besoin de comprendre pourquoi je me suis retrouvé à côté des rails de la pensée médicale dominante, en marge d’une corporation qui en est la gardienne farouche.» Le livre évoque son parcours, l’homéopathie, mais aussi les vaccins, la mort et la naissance, le cancer et la sclérose en plaques, ou encore le rôle des entreprises pharmaceutiques dans une médecine matérialiste qu’il n’épargne guère.
Pourquoi écrivez-vous que la médecine n’est pas une science, mais un art.
C’est un grand malentendu. La médecine se présente comme une science dans l’idée que c’est infaillible. Soit un effet est démontré, soit il ne l’est pas. Celui qui a posé les bases scientifiques de la médecine expérimentale, c’est Claude Bernard, au XIXème siècle. J’ai étudié son Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865). Il a mené des expérimentations animales et ne s’est jamais occupé de soigner des gens. Il a posé les bases d’une médecine déterministe, qui veut expliquer la vie par les lois de la matière, et qui s’en tient à ce qu’on peut reproduire, à ce qu’on peut observer de façon prévisible à 100%. Mais au niveau de l’individu, c’est totalement indéterminé! On n’est que dans les statistiques, c’est encore plus flou que la mécanique quantique! Vous avez une maladie grave, on peut seulement vous dire que vous avez tant de chances de survivre à cinq ans. Il y a une espèce d’arrogance dans la médecine, un aveuglement qui me paraît quasi-religieux. C’est blanc ou noir, et on prétend tout savoir alors qu’on a encore beaucoup d’ignorances dans le domaine de la vie. Pour moi c’est du scientisme. C’est un usage abusif du mot «scientifique». Et ce que m’a fait redécouvrir l’homéopathie, c’est qu’il existe une énergie vitale qui échappe à la démarche scientifique et la complète.
Vous écrivez par exemple que la vaccination est l’un de ces dogmes de la médecine, et vous mettez en doute leur utilité. D’autres le font aussi, mais ne sont pas médecins comme vous…
C’est un domaine particulier de mon indignation. J’avais osé dire une fois dans une conférence que le BCG, vaccin contre la tuberculose, n’est pas efficace. Un collègue présent dans la salle ne m’a pas laissé finir, il s’est levé pour crier au scandale. Pour lui c’était indiscutable. Pour moi c’est un fanatisme de type intégriste. Osez émettre un doute sur un seul vaccin, et c’est considéré comme une attaque contre tout l’édifice vaccinal. Le doute est pourtant un des fondements de la démarche scientifique.
Vous parlez aussi dans votre livre de ces nombreuses guérisons inexpliquées qu’on ne cherche pas à comprendre parce que ça sort du paradigme…
L’échappatoire courant, c’est l’effet placebo. Si on ne veut pas comprendre ce qui s’est passé, on dit que c’est l’effet placebo (médicament inactif ayant un effet positif sur l’état du malade). C’est une ânerie!
Mais cet effet existe parfois, non?
L’effet placebo est constant, permanent! Mais que signifie-t-il? C’est tout simplement la mobilisation des ressources propres au malade! On a réveillé ses ressources internes de guérison. On peut les réveiller de bien des façons, par des émotions fortes, par la méthode Coué… et ça fait toujours partie d’une guérison. Mais ça ne cadre pas avec le paradigme médical. Alors dans les recherches médicales, tout le monde cherche à s’en débarrasser. Ce qui est dû à l’effet placebo n’est pas considéré comme valable. On l’élimine aussi parce qu’il ne se vend pas.