Sept.info | La Garde pontificale corse oubliée (6/6)

La Garde pontificale corse oubliée (6/6)

© Jorge Royan
Sur le Tibre, diverses embarcations accompagnent la statue lors de la célébration de la Madonna Fiumarola.

Bien que les gardes corses aient été une composante marquante de l’histoire pontificale, les livres d’histoire ne la mentionnent jamais et la plupart des habitants mêmes de l’île de Beauté l'ignorent. Le travail de réhabilitation prendra encore du temps.

Ils l’ont transporté à dos d’homme, six à huit dont certains laissaient couler leurs larmes sans les essuyer. Puis dans le silence de la foule, ils l’ont placé à la proue d’une embarcation légère sur le Tevere; le prêtre a pris sa place à l’arrière et des dévots ont suivi en bateau. Des carabinieri ont enclenché le moteur et la procession maritime remonte désormais jusqu’à San Crisogono faisant flotter le drapeau aux armes de la Garde corse du pape au centre desquelles l’Associu Guardia Corsa Papale a ajouté une tête de Maure. La célébration de la Madonna Fiumarela a plus de 500 ans d’existence. Elle a toujours lieu fin juillet et, désormais, à nouveau en présence de nombreux Corses aux côtés de l’Arciconfraternita della Santissima Madonna del Carmine de San Crisogono. Résonne dans l’église l'hymne national de la République corse entre 1735 et 1769, le chant dédié à la Vierge Marie, Dio vi salvi regina.

Iviu Pasquali le sait, la pyramide infamante n’existe plus depuis longtemps. Dès 1668, Clément IX, le successeur du pape Alexandre VII, obtenait du roi Soleil sa destruction. Une nouvelle médaille avait d’ailleurs été frappée à cette occasion. La dissolution de la Garde corse était alors effective et les gardes suisses présents depuis 1506 assuraient désormais seuls toutes les missions resserrées autour des souverains pontifes. L’affaire corse était close et, longtemps plus tard, François-Séraphin Regnier Desmarais, secrétaire perpétuel de l’Académie française, se proposait même d’en figer la mémoire avec un récit définitif, L’Histoire des démeslez de la cour de France avec la cour de Rome au sujet de l’affaire des Corses (1707). L’historien Lelong, dans le tome II de sa Bibliothèque historique de la France en 1769, raconte que l’académicien aurait travaillé à partir des «instructions», ainsi que des «dépêches du roi et celles de l’ambassadeur». Parachevant la propagande de ces derniers.

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