Pour ses admirateurs, il est le digne successeur d’Hunter S. Thompson, le pape du nouveau journalisme. Il publie régulièrement dans Vanity Fair ou le Guardian des articles sur le piratage informatique. Toujours bien informé, trop bien informé pour le FBI qui l’accuse de faire partie du groupe de hackers le plus recherché de la planète, les Anonymous. Il est surtout le porte-parole informel et autoproclamé d’une nébuleuse qui n’en a guère. Le Bureau rêvait de le faire plonger depuis le début 2010. Il lui faudra deux ans pour arriver à ses fins. Le 22 janvier 2015, Barrett Brown a été condamné à plus de cinq ans de prison en dépit d’une campagne internationale relayée par Reporters sans frontières.
Ne dites pas à Barrett Brown qu’il est un hacker. Du bout des lèvres il concèdera tout au plus qu’il est un «hacktiviste». En fait c’est un dandy de la cyber contre-culture. Barrett Brown n’a rien d’un pirate informatique et encore moins d’un geek. L’informatique ne l’intéresse pas vraiment, pénétrer les réseaux interdits n’est pas son «truc». Il n’a jamais forcé les portes d’entrée du moindre serveur. Des agents armés du FBI ont perquisitionné par deux fois sa maison. Ils sont repartis avec un maigre butin: une Xbox et un petit ordinateur portable Sony bourré de centaines de jeux vidéo. Il leur a fallu se creuser le crâne pour coincer le trentenaire. Ils n’ont trouvé trace que d’un seul délit: Barrett Brown a partagé un lien interdit. C’est un peu mince pour un pirate informatique aguerri mais c’est assez pour le mettre en prison quelques années.