Dans la communauté, ils sont comme des rois. Le Petit Prince, Helinho, ne paye rien. Sa mère veut construire une nouvelle chambre, Helinho descend chercher des briques. Le vendeur insiste; non, non, il ne payera pas. Si, si, ça lui fait plaisir. Helinho ne boit pas beaucoup, mais il pourrait, il ne paye jamais ses verres. Pour les grosses dépenses, c’est son frère qui gère. Un tueur gagne peu. Ici on tue pour rien. Littéralement. Helinho ne vise que les almas sebosas (selon le jargon nordestino des habitants du nord-est du pays, des âmes possédées par le diable). Quand on l’arrêtera, une pétition pour demander sa libération circulera; 2’000 personnes la signeront.
Pendant qu’il officiait, les petits délits ont largement baissé dans sa zone de contrôle. Un justicier pas masqué qui se pointe et règle le problème définitivement. «Quand des almas sebosas sont arrêtées, ils sont presque toujours relâchés et reprennent leurs activités. Parfois, ils se vengent de ceux qui leur ont causé des problèmes. Avec moi, ils vont directement en enfer et ne reviennent pas», se vantait-il dans un journal local après son arrestation.