Vers la fin du XXe siècle, le prince Charles eut une idée brillante. Face à l’étalement urbain des années 1980, il annonça que les architectes modernes avaient fait plus de dégâts au pays que la Luftwaffe Il allait agir à ce sujet. Il s’est alors mis à élaborer un plan pour concevoir une communauté combinant beaux logements, lieux de travail et boutiques, un endroit où les bas revenus se mêleraient aux plus prospères, où les valeurs traditionnelles seraient respectées et où les enfants joueraient dans des rues impeccablement propres. Un homme puissant pouvait avoir cette étonnante capacité à remonter le temps…
Le prince choisit une parcelle de terrain en périphérie de Dorchester dans le Dorset. Cette parcelle, partie du duché de Cornouailles, s’étendait sur 126'000 acres (environ 51'000 hectares) et comprenait 22 comtés. Sa principale fonction: fournir un revenu au prince. Il baptisa sa nouvelle ville Poundbury ou New Poundbury (car il y avait déjà un Poundbury plus ancien, plein de choses que Charles n’aimait pas). L'endroit couvrirait 400 acres (162 hectares) et abriterait 5'000 habitants. Celui qui souhaitait arrêter le monde, ou du moins en freiner la vitesse, y trouverait un parfait endroit pour déposer ses bagages. Cette ville suscita un certain mépris dès qu’elle fut consentie en 1989. Il n’y avait ni antennes de télévision (jugées trop laides) ni jardin sur le devant (trop clivants) ni parking (obstructif). Tout ce qui pouvait être disgracieux ou désordonné devait être écarté. Un visiteur laissant tomber son emballage de bonbons pouvant craindre une arrestation par hélicoptère.