Mars 2014. Voici quatre mois que la faillite de la société Ilford Imaging a été prononcée par la justice. Or ce vendredi encore, ils sont beaucoup à se rendre au Club des loisirs de l’entreprise de Marly pour partager un verre. Pour la plupart, ils font partie des équipes de maintenance, mais des cadres s’y mêlent aussi. Dès 16 heures, la semaine tout juste terminée, ils arrivent généralement un à un et refont l’histoire, la leur et celle d’Ilford: sa faillite, leur chômage, leur retraite anticipée, leurs nouveaux défis.
C’est une petite maison à l’apparence un peu vieillotte, aux volets verts, tout à côté des immenses terrains occupés par l’usine. Elle abrite notamment un musée de photographie et une menuiserie, qui permettait aux employés de se familiariser avec l’art du bois. Le 10 décembre 2013, lorsqu’ils ont été mis à la porte, ceux qui n’avaient pas envie de rentrer chez eux se sont retrouvés ici. «On a décidé de passer pour y prendre un verre, raconte Michel Schmid, ancien employé à la maintenance. On était une bonne équipe. On a discuté, discuté, on ne s’est plus arrêté. On a fait un peu long. Je suis rentré tard.»