A peine garantie par le Congrès de Vienne, en 1815, la «neutralité perpétuelle de la Suisse» va être mise à rude épreuve… par les Suisses eux-mêmes! En cette année 1815, les grandes puissances discutent, à temps perdu, de l’avenir de la Suisse. Plus d’une vingtaine de députés helvétiques, divisés comme jamais, défendent pour la plupart des intérêts particuliers. Les grandes puissances, dans leur volonté de freiner les velléités expansionnistes de la France, cherchent surtout, indépendamment de la pacification interne de la Suisse, à créer un Etat neutre, crédible et militairement renforcé, apte à faire tampon entre la France et l’Autriche. Elles s’entendent donc pour accompagner et consolider la nouvelle Confédération suisse avec une édifiante neutralité qui va lui servir dorénavant de fil rouge collectif.
Ce sera chose faite lors de la Déclaration du 20 mars, même si officiellement, il faut attendre l’acte final du Congrès de Vienne, le 20 novembre 1815, pour que les Etats signataires reconnaissent à la face du monde civilisé que «l’inviolabilité et la neutralité de la Suisse ainsi que son indépendance de toute influence étrangère sont dans les vrais intérêts de la politique de l’Europe entière».