Le 21 novembre 1985, légèrement exalté, un Américain âgé de 31 ans ressemblant plus à un jeune chercheur californien qu’à un redoutable espion, avec sa calvitie prononcée, ses lunettes cerclées et sa moustache, monte dans sa voiture. Il est complètement paniqué et prend la direction de l’Ambassade d’Israël à Washington. Arrivé devant le bâtiment, il tente de forcer le passage. Il est visiblement persona non grata sur le territoire israélien. Les agents du FBI qui assistent à la scène n’ont aucun mal à l’arrêter. Il s’appelle Jonathan Jay Pollard et va être à l’origine de l’une des plus sérieuses crises diplomatiques entre les Etats-Unis et Israël.
Lorsqu’ils lui lisent ses droits, les agents fédéraux savent déjà que les charges pesant sur Jonathan Jay Pollard sont autrement plus sérieuses qu’un simple tapage diurne éventuellement aggravé d’une conduite en état d’ivresse. L’homme n’est pas qu’un simple excité: ce citoyen américain travaille officiellement pour les services de renseignements de la marine américaine. Sa spécialité: le terrorisme. Cela fait déjà quelque temps qu’il est dans le collimateur du FBI, soupçonné d’être un espion à la solde d’Israël. Depuis peu, les agents du contre-espionnage américain ont resserré leur étau autour de Jonathan Jay Pollard, au point de l’amener à tenter de forcer désespérément les portes de l’ambassade israélienne. Sa ravissante épouse, Anne Henderson-Pollard, est elle aussi interpellée, puis relâchée. Elle sera arrêtée à nouveau le 23 novembre. Dix-huit mois plus tard, Jonathan Pollard est condamné à la peine de réclusion à perpétuité et sa femme à cinq ans d’emprisonnement. Mais l’affaire Pollard n’est de loin pas terminée: elle va longtemps empoisonner les relations pourtant amicales entre les Etats-Unis et Israël et celles, plus tendues, entre leurs services de renseignements respectifs.