Les hommes reviennent du front, en file indienne. Un large sourire éclaire leurs visages, leurs pantalons amples et sombres sont pleins de boue. Il fait très froid, tous portent d’épais manteaux et de grands pulls informes. Au loin, on entend des tirs. Fusils et lance-roquettes à l’épaule, une quinzaine d’hommes et de femmes se relaient jour et nuit pour tenir leurs positions. En haut de la colline en face, une ancienne cimenterie Lafarge est la prochaine cible. Les environs sont déserts, les risques sont immenses à chaque avancée. Mais tous semblent déterminés, le regard fixé vers l’objectif.
La pluie glaciale ne semble pas pouvoir les toucher. Ils pénètrent tous dans une maison abandonnée, à quelques centaines de mètres en retrait de la ligne de front. Quelques heures de repos, près d’un feu de bois improvisé au milieu de la pièce, une soupe chaude et quelques cigarettes vite fumées avant de repartir au combat. La fumée du tabac se mélange avec celle des feux de bois allumés pour se réchauffer. Les yeux piquent, quelques larmes coulent. Mais pas eux.