L'homme aux noms et aux fiancées multiples (2/3)

© Bibliothèque nationale de France
Henri Désiré Landru lors de son procès à la Cour d’assises à Versailles du 7 au 30 novembre 1921. 

Frémyet, Cuchet, Dupont... Landru multiplie les identités. Escroc dans l’âme, celui que l'on a rebaptisé «le Barbe-bleue de Gambais», séduit des femmes, les demande en mariage, leur vole leurs biens et pour dix d’entre elles, les fait mystérieusement disparaître. Mais comment a-t-il pu rester dans l’ombre si longtemps?

Henri Désiré Landru est recherché dans la France entière. Mais la situation internationale mobilisant toutes les énergies, ses crimes n’intéressent personne. Ter­reau propice à toutes les avanies, la guerre et sa litanie de malheurs nourrissent les plus bas instincts de l’homme. Et Landru, tranquillement, continue de s’attaquer à ses proies en toute impunité, à des femmes comme Jeanne Isoré, prêtes à tous les sacrifices contre une promesse de mariage. Ce qu’en revanche on ne sait pas, c’est que, depuis le début des hostilités, l’escroc, le faussaire, a retenu la leçon de sa dernière condamnation. Aussi, comme il ne peut plus se permettre le moindre écart, la plus petite erreur sans courir le risque d’une relégation définitive si par hasard il échappait au conseil de guerre, il a décidé qu’il n’y aurait plus de témoins, plus de plaignantes pour se mettre en travers de sa route. Sa méthode, en outre, s’est enrichie d’un glissement supplémentaire, d’un basculement dans l’horreur et dans le sang, dont les premiers indices remontent à 1915. Mais, à ce moment-là, rien ne permet encore d’imaginer ce qui est réellement en train de se passer dans les coulisses du crime. Jusqu’à ce qu’une affaire éclate au grand jour, il est difficile, à moins d’interpréter les faits, de juger de l’objectivité d’un soupçon. Trois longues années s’écouleront ainsi, sans que ce nom-là soit jamais plus prononcé: Henri Désiré Landru. Et c’est dans la clandestinité de l’anonymat que furent per­pétrés les actes criminels que lui impute désormais le Minis­tère public.

Le 1er octobre 1917, le maire de Gambais, petite commune située au sud-ouest de Paris, reçoit une lettre dont le contenu retient à peine son attention. Elle est signée d’une inconnue qui s’inquiète de la disparition de sa sœur. Or, en cette période-là de la guerre, l’intérêt de la France est ailleurs, du côté de Verdun où ses troupes viennent de reconquérir une partie du terrain abandonné aux Allemands. A la demande de Raymond Poincaré, Paul Painlevé déclare vouloir former un ministère d’union et d’action nationales, «afin que la guerre puisse être menée de la façon la plus vigoureuse». Mais le soulagement aura été de courte durée, car la Russie, jusque­-là solidaire de la Triple Entente, est entrée en révolution. Le maire de Gambais classe donc la lettre et ne prend même pas la peine de répondre: il y a tellement de gens qui disparais­sent en ce moment, tant de soldats, mais aussi des civils dont on ne retrouvera jamais la trace…

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