Nous sommes au bout d’un chemin de campagne, dans un no man’s land au bord du Danube. Nous roulons. Sur la route, une voiture de police arrête les rares passants. Nous demandons notre chemin. «Liberland? C’est par… Mais Liberland, ça n’existe pas!», se reprend le policier croate. Finalement c’est «par là», près du petit village croate de Zmajevac, dans une région frontalière de la Serbie. C’est là que Vít Jedlička, un citoyen tchèque de 31 ans, a proclamé le 13 avril 2015 la «République Libre de Liberland».
Le 1er mai 2015, décrété premier «Jour de la Liberté» par les futurs habitants, une délégation d’une quarantaine de personnes tente de se rendre sur «son» territoire. Elle est accompagnée de plusieurs dizaines de supporters et de journalistes. La police croate leur refuse l’accès par voie terrestre puis par voie fluviale; ils avaient en effet réuni plusieurs barques. Dans un restaurant du village de Bački Monoštor, du côté serbe, où il a installé son «consulat honoraire», Vít Jedlička affirme être en négociations avec la police et les autorités locales. Il espère pouvoir accéder à Liberland dans les prochains jours.
Mais pour Vít Jedlička, son président et fondateur, Liberland est un projet très sérieux, porteur d’une revendication politique et économique. Vít Jedlička, par ailleurs élu régional d’un parti libéral et eurosceptique, explique avoir eu l’idée de fonder Liberland suite à son découragement face à la politique économique de la République tchèque, qu’il estime trop interventionniste. Il a donc décidé de fonder son propre pays, afin d’y appliquer son modèle économique.