Treize interventions parlementaires en 17 ans. Ce score ne laisse aucun doute: le dépistage du cancer du sein a été l’un des sujets de santé publique les plus investis par les politiques sous la Coupole fédérale.
Or, comme le montre ce troisième volet de l’enquête de sept.info sur le mammo-business, la plupart de ces élus étaient directement liés à des lobbies ou largement influencés par eux. Avec leurs interpellations, motions, questions et autres postulats, ils ont systématiquement servi l’agenda et les intérêts de ces groupes de pression.
La première de ces interventions date d’octobre 1997. Quatre mois après l’inscription provisoire de la mammographie de dépistage dans le catalogue des prestations obligatoires de l’assurance de base, la conseillère nationale vaudoise Francine Jeanprêtre (PS) demandait par motion interposée de la libérer de la franchise. La proposition a été acceptée et est entrée en vigueur le 1er janvier 2001, mais uniquement pour les mammographies réalisées dans le cadre de programmes cantonaux. «Ma préoccupation a toujours été d’atténuer les différences socio-économiques au sein de notre population», affirme Francine Jeanprêtre, pour qui supprimer la franchise était un moyen d’assurer l’égalité d’accès au dépistage, pour toutes les femmes entre 50 et 69 ans, quelle que soit l’origine sociale.
Au-delà, un fait demeure: son initiative était directement portée par la Fondation vaudoise pour le dépistage du cancer du sein (FDCS) qui promeut et gère le programme de ce canton. A l’époque, la parlementaire fédérale était en effet membre du Conseil de fondation de la FDCS. Elle admet d’ailleurs que c’est «dans ce cadre» qu’a été évoquée «l’idée de l’accessibilité la plus facilitée et financièrement la moins à charge de la population féminine», et souligne que «le directeur et les membres de la Fondation», tous médecins, «étaient acquis à la démarche la plus large possible».
A l’évidence, la motion Jeanprêtre servait les intérêts de ces spécialistes, dont les affaires et la carrière étaient directement concernés. Elle assurait l’existence aux meilleures conditions possibles de leurs programmes jusqu’à fin 2007. Tout en garantissant à ces derniers l’exclusivité de la «gratuité» de la prestation, et donc de l’épithète «social».