Né au Pakistan en 1951, Ziauddin Sardar est l’un des intellectuels et des libres penseurs musulmans les plus connus au monde. Au fil de ses publications et prises de parole, ce Britannique d’origine pakistanaise ne cesse de plaider pour une vision inédite de l’islam. Directeur du Centre de politique et prospective de l’Université de Chicago, il est également co-rédacteur en chef du trimestriel Critical Muslim et président de l’Institut musulman de Londres. Avec Histoire de La Mecque: De la naissance d’Abraham au XXIe siècle, il publie en cette année 2016 un ouvrage éblouissant et visionnaire, à la fois bourré d’humour et d’anecdotes, sur l’histoire de la ville la plus sainte de l’islam. Et démontre en filigrane l’influence, qu’il juge très sévèrement, de l’Arabie saoudite.
Ecrire sur La Mecque, c’est facile?
Non! C’était un processus très complexe. Il me fallait fournir un récit juste, distancié et le plus objectif possible, d’autant plus parce que j’étais musulman. Il fallait être aussi sceptique, critique. Il me fallait surtout dissocier l’image de La Mecque cité des hommes, ville banale, et celle de La Mecque du hajj, le pèlerinage, l’un des rituels les plus sacrés de l’islam. Résultat: j’ai passé des années sur ce livre. C’est l’œuvre d’une vie.
Sur quelles sources vous êtes-vous appuyé?
Elles ont constitué mon plus gros problème, car il n’existe quasiment pas d’archives, très peu de documents. La seule littérature se concentre en quelques livres sur le rituel du hajj, des récits poétiques et des bouquins sur la nature environnante. Les ouvrages sur son histoire et son développement sont extrêmement rares.
Comment avez-vous fait?
J’ai fait une enquête de terrain, mené des recherches pendant plusieurs années. J’ai récolté des données, tenu un carnet de notes lors de mes voyages. J’ai été à la fois observateur et participant.