Une teneur en plomb trop élevée, des étiquettes trompeuses, un produit vendu sans le feu vert des autorités. Au nom de ces trois reproches, l’Autorité indienne de sécurité des aliments (FSSAI) a exigé de Nestlé, vendredi 5 juin 2015, l’arrêt de la production et de la vente de ses nouilles instantanées Maggi. Peu avant, le géant alimentaire de Vevey avait de lui-même retiré ces produits en Inde, tout en assurant qu’ils étaient «propres à la consommation».
Danger sanitaire réel, ou réglementations trop sévères? C’est un dilemme que Yasmine Motarjemi connaît bien. Trop bien, même: elle y a perdu son job et sa santé. Ancienne responsable de la sécurité alimentaire pour la multinationale, elle vit aujourd’hui une forme de préretraite forcée à Nyon.
Elle ne croit pas les dirigeants de l’entreprise insensibles: «Ils ne feront jamais quelque chose de nocif intentionnellement, ils y perdraient du business. Mais ils peuvent être négligents quand les intérêts économiques l’imposent, et ils ont une attitude laxiste envers les risques à long terme, difficilement imputables à leurs produits. S’il y a un peu trop de pesticides ou d’iode, ce n’est pas grave, c’est la réglementation qui est trop stricte. Je les ai souvent entendu dire “on ne tue personne”, comme si la seule limite de la sécurité alimentaire était la mort.»