Il est des routes qui ne connaissent pas la grisaille de leur bitume. Des trajets tout entiers habités par l’insouciance des vacances et les promesses de bonheur qu’elles suscitent. Du bleu, du soleil et des vagues, voilà les vraies couleurs de la Nationale 7, la légendaire «Route des vacances» qui relie Paris à la Méditerranée et permit à tant de travailleurs éreintés, ouvriers ou cols blancs, de s’offrir, une fois l’an, une parenthèse de farniente bien méritée.
Souvenez-vous. 1956. En France, les congés payés, institués depuis vingt ans sous Léon Blum, s’étendent désormais à trois semaines. Au même moment, l’automobile se démocratise et connaît un franc succès. Dès lors, chaque été, des milliers d’automobiles s’élancent sur la Nationale 7 pour rejoindre la Côte d’Azur et ses plages de rêve: Nice, Cannes, Saint-Paul-de-Vence ou encore Saint-Trop’.
D’où qu’ils viennent et où qu’ils aillent, tous les vacanciers convergent alors tôt ou tard sur cette fameuse «Route du soleil». En berline familiale, Citroën DS ou 2CV, il faut souvent compter deux jours pour un trajet. Qu’importe. C’est l’époque où l’on prend le temps de voyager, où l’on aime jouir de la route, de ses petits villages et autres paysages tout aussi plaisants. Un temps où les pique-niques improvisés en bordure de route et les tréteaux des marchands de fruits à même l’asphalte font déjà partie du bonheur d’être en vacances.