La colonne de cyclo-pousse avance le long de l’artère bondée dans un vacarme strident de sonnettes. Les conducteurs arborent tous le tee-shirt rouge orné d’un paon jaune et d’une étoile blanche de la National League for Democracy (NLD), le principal parti de l’opposition birmane dirigé par Aung San Suu Kyi. Certains se sont maquillé les joues aux couleurs du parti, d’autres portent un chapeau en bambou, son emblème. Il y a des jeunes hommes qui pédalent en filmant la scène sur leur Smartphone, de vieux messieurs perchés dignement sur la banquette du cyclo-pousse, un parapluie à la main, et des femmes au visage recouvert de pâte jaune à l’écorce de thanaka qui distribuent des autocollants à tour de bras.
Une camionnette coiffée d’une pile d’amplis les suit, diffusant en boucle la chanson officielle du parti. «NLD, NLD, il est temps de changer», scande la chanteuse sur un rythme de bhangra. Le ciel gris crache une petite bruine qui, dans le climat chaud et humide de Rangoon, colle aux vêtements et donne la sensation de se trouver dans un hammam.